Michel Martelly a promis mardi l'avènement d'une «ère nouvelle» en Haïti au lendemain de sa victoire à l'élection présidentielle et avant de s'atteler à la reconstruction d'un pays en ruines.

«Je suis fier d'avoir été appelé au service du pays. Moi, l'enfant terrible, vous m'avez accordé votre confiance», a déclaré l'ancien chanteur populaire lors de sa première conférence de presse de président-élu.

«Vous avez jugé bon de me confier le pays pour le mener à bon port, laisser de côté les vieux démons et les vieilles querelles de la politique haïtienne pour diriger autrement. Je veux travailler avec tout le monde, je suis le président de tous les Haïtiens sans exclusion», a-t-il martelé.

Michel Martelly, surtout connu il y a encore peu sous son nom d'artiste de «Sweet Micky», a remporté l'élection présidentielle avec 67,57% des suffrages exprimés face à son adversaire, l'universitaire Mirlande Manigat, selon les résultats préliminaires du Conseil électoral provisoire (CEP) annoncés lundi soir.

Mirlande Manigat devait s'adresser mardi à la mi-journée à ses partisans. La question est de savoir si elle va reconnaître la victoire de Martelly ou si elle va décider d'aller au combat.

Les résultats définitifs ne seront en effet annoncés que le 16 avril à l'issue d'une période au cours de laquelle les deux candidats en lice pour le second tour pourront déposer des recours devant les autorités électorales comme l'avait fait M. Martelly lors du premier tour du 28 novembre.

Ironie de l'histoire, le chanteur avait été relégué à la troisième place, derrière le candidat du pouvoir, Jude Célestin. Ses partisans avaient violemment manifesté dans le pays, avant que le Conseil électoral ne le repêche et le propulse au second tour.

Mardi, Jose Miguel Insulza, le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA) qui menait une mission d'observation du scrutin, «a félicité le peuple d'Haïti une fois de plus pour avoir fait preuve de responsabilité civique dans une atmosphère calme le jour des élections et pour sa patience au cours du processus» de décompte des voix.

Les États-Unis ont salué des «Haïtiens (qui) avancent pour reconstruire leur pays» tandis que la France rendait hommage à «la patience et la maturité du peuple haïtien qui a clairement manifesté son attachement au processus électoral».

En succédant à René Préval, Michel Martelly va prendre la tête d'une administration amputée après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010, sans majorité au parlement et en proie à l'instabilité liée aux retours récents des ex-présidents en exil Jean-Bertrand Aristide et Jean-Claude Duvalier.

«Le fait qu'il n'y ait pas de majorité au Parlement pourrait donner la possibilité à Martelly de le manipuler à sa guise», explique à l'AFP Robert Fatton, professeur de sciences politiques à l'Université de Virginie et spécialiste d'Haïti.

«Le problème c'est que nous n'avons aucune idée de sa capacité à relever ce type de défi politique», ajoute-t-il. «Nous n'avons pas de précédents. Ce type est complètement novice et son parti est quasiment inexistant en termes de représentation au parlement», insiste-t-il.

«Sa première priorité c'est de former un gouvernement. Après il faudra qu'il gère tous les problèmes d'Haïti: la reconstruction, les populations déplacées, la sécurité».

La passation de pouvoir entre Michel Martelly et l'actuel président René Préval doit se dérouler le 14 mai. Le chanteur s'installera alors dans les tentes installées dans les jardins du palais présidentiel toujours en ruines.