Le gouvernement haïtien a lancé un appel au calme lundi à quelques heures de l'annonce des résultats préliminaires du second tour de l'élection présidentielle, redoutant des violences comme celles qui avaient suivi les résultats du premier tour en décembre dernier.

Le secrétaire d'État à la Sécurité publique, Aramick Louis, a demandé aux candidats d'inviter leurs partisans «à ne pas manifester violemment dans les rues» quel que soit le résultat qui devait être annoncé à 17H00 locales (18H00 à Montréal), selon le porte-parole du Conseil électoral provisoire (CEP) Richard Dumel.

Le second tour a opposé le 20 mars le chanteur populaire Michel Martelly, favori des sondages, à l'universitaire Mirlande Manigat, une ancienne Première dame âgée de 70 ans.

Sans attendre la publication officielle des résultats, les deux camps ont revendiqué la victoire au cours des derniers jours.

La publication début décembre des résultats préliminaires du premier tour classant Michel Martelly, 50 ans, en troisième position -et l'excluant donc du second tour- avait jeté des milliers de manifestants dans les rues pendant plusieurs jours.

Face à un déchaînement de violence qui avait fait plusieurs morts, les autorités avaient dû revoir les résultats et avaient réintégré dans la course le chanteur au détriment du candidat du pouvoir, Jude Célestin.

Pour les partisans de Michel Martelly, il ne fait pas de doute que le chanteur surnommé «Têt Kalé» («crâne rasé», en créole) succédera à René Préval, à qui la constitution interdisait de prétendre à un troisième mandat.

«On tarde à donner les résultats, mais le président, c'est personne d'autre que Têt Kalé», assure un homme en train d'écouter la radio dans une rue de Port-au-Prince, la capitale dévastée par un tremblement de terre en janvier 2010.

«Au moins, on pourra sortir demain», lui répond un autre homme assis à ses côtés, expliquant que dans le cas de l'annonce d'une victoire de Mme Manigat, il pourrait y avoir des violences.

Le CEP avait annoncé la semaine dernière que la consultation avait été entachée de fraudes et que plusieurs centaines de procès-verbaux envoyés par différents centres de vote avaient été annulés.

Lundi, des écoles sont restées fermées au Cap-Haïtien et aux Cayes, les plus grandes villes du pays après la capitale Port-au-Prince, ont indiqué des radios locales. Aux Cayes, ville où des affrontements particulièrement violents avaient eu lieu en décembre, des blindés de la Minustah, la force de maintien de la paix de l'ONU, étaient en position dans les rues, ainsi que des véhicules de la police haïtienne

Le second tour a été marqué, quelques jours avant la consultation, par le retour en Haïti de l'ancien président Jean Bertrand Aristide, qui reste très populaire auprès des défavorisés sept ans après avoir été chassé du pouvoir par une insurrection armée, avec la bénédiction de la France et des États-Unis.

Deux mois plus tôt, c'était l'ancien dictateur Jean-Claude Duvalier qui avait regagné le pays après 25 ans d'exil en France. «Baby Doc» est poursuivi par la justice haïtienne pour corruption et détournements de fonds, tandis que plusieurs plaintes pour crimes contre l'humanité ont été déposées contre lui par d'anciens opposants à son régime.