Mirlande Manigat, candidate à l'élection présidentielle d'Haïti, a profité de son court séjour à Montréal, la semaine dernière, pour rencontrer des représentants du groupe d'ingénieurs SMi et discuter du financement de sa campagne électorale, a indiqué à La Presse un membre de son comité au Québec.

«Nous avons parlé de son financement et de divers projets d'infrastructures à Port-au-Prince», a dit Marjorie Chassagne, qui a assisté au souper en tant que membre du comité de campagne de Mme Manigat à Montréal.

Le souper s'est déroulé samedi soir dernier chez Milos, restaurant huppé de l'avenue du Parc, fréquenté par des politiciens et des dirigeants d'entreprise, notamment du domaine de la construction. Autour de la table, ce soir-là, se trouvaient Mirlande Manigat, des membres de son comité de campagne, le fils de Bernard Poulin, PDG de la firme, et sa fille, Marie-Bernard, vice-présidente adjointe aux infrastructures de SMi.

Mme Manigat, du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP), est arrivée en tête au premier tour de l'élection. Elle affrontera le chanteur Michel Martelly au second tour le 20 mars.

Elle a passé deux jours à Montréal, vendredi et samedi derniers. Cette rencontre privée ne figurait pas au programme de la visite de Mme Manigat transmis aux médias. Seule figure une rencontre de 18h à 20h dans les locaux de l'organisme communautaire haïtien La Perle retrouvée. Un cocktail de financement a aussi eu lieu le vendredi au restaurant Cavalli.

«Le groupe SMi souhaite nous aider et contribuer au développement d'Haïti», a dit Marjorie Chassagne.

Orphelinats, ou pas?

Roch Landriault, porte-parole de SMi, dit que les conversations lors de ce souper ont porté exclusivement sur deux orphelinats «dans lesquels le groupe SMi est impliqué». Il s'agit de l'orphelinat Espoir d'enfants de la Fondation Jacqueline Lessard, détruit lors du séisme de janvier 2010, et de celui du père Dehoux, présidé par Jeanne-d'Arc Léger, détruit lui aussi. Le comité qui est chargé de mener la campagne pour la reconstruction de l'orphelinat est présidé par Bernard Poulin.

Aussi à table ce soir-là, Lola Chassagne, membre du comité de campagne de la candidate, affirme pourtant qu'il n'a pas été question d'orphelinats lors de ce «repas intime et amical»: «Nous avons beaucoup d'enjeux et nous avons besoin de l'aide d'amis. Les gens de SMi sont fiables, connaissent bien la situation là-bas et veulent appuyer la cause de Mme Manigat.» Toujours selon elle, aucune autre entreprise québécoise n'a rencontré Mme Manigat lors de ce court séjour. Elle insiste sur l'histoire particulière de SMi en Haïti. Un autre rendez-vous est prévu cette semaine entre la firme et le comité.

Bien implanté en Haïti

Le groupe SMi est bien implanté dans ce pays depuis des années. L'un de ses dirigeants, l'ex-ministre Serge Marcil, y a perdu la vie tragiquement dans l'effondrement de l'hôtel Montana, sur les hauteurs de Port-au-Prince, lors du tremblement de terre de janvier 2010. Un autre employé, l'ingénieur Marc Perreault, a été grièvement blessé et est resté prisonnier des décombres pendant 18 heures. Aujourd'hui, il collabore lui aussi au projet du père Dehoux.

Plusieurs autres firmes de génie sont actives en Haïti, dont SNC-Lavalin et Cima". La communauté internationale a promis de verser des milliards de dollars pour financer la reconstruction après le tremblement de terre. Une manne qui suscite des convoitises.