Le Conseil électoral haïtien a entrouvert la porte à une révision des résultats contestés de l'élection présidentielle, au moment où le retour inopiné de l'ex-dictateur Jean-Claude Duvalier complique la crise politique.

Dans un communiqué diffusé mardi soir, le Conseil électoral a indiqué qu'il prendrait «en considération» une révision des résultats du premier tour du 28 novembre en fonction des éventuelles contestations qu'il recevra.

Les résultats préliminaires annoncés par le Conseil début décembre avaient provoqué des violences dans le pays de la part des partisans du chanteur Michel Martelly alias Sweet Micky, arrivé en troisième position et donc exclu du deuxième tour.

Selon ces résultats, avec 21% des voix, M. Martelly ne comptait en effet que quelques milliers de voix de moins que le candidat du pouvoir, Jude Célestin (22%), ce dernier étant donc qualifié pour affronter une ancienne Première dame d'Haïti, Mirlande Manigat, arrivée première avec 31% des voix.

Mais une mission d'enquête dépêchée par l'Organisation des États américains (OEA) a conclu que des fraudes avaient faussé les résultats et recommandé de rétrograder M. Célestin en troisième position.

Selon la version anglaise du rapport final rendue publique par l'OEA, Mme Manigat a obtenu 31,6% des voix, M. Martelly 22,2% et M. Célestin 21,9%.

L'OEA recommande donc «d'intervertir le classement du deuxième et du troisième candidat afin de mettre les résultats préliminaires de l'élection présidentielle en conformité avec l'intention des électeurs».

En réaction, le Conseil électoral a assuré qu'il n'était pas tenu de suivre la recommandation de l'OEA. Mais «l'éventualité d'un changement de position dans le classement des deuxième et troisième candidats dans la liste publiée lors des résultats primaires du 7 décembre 2010 sera prise en considération dans le cadre du traitement des contestations», a souligné cet organisme.

Le deuxième tour aurait dû avoir lieu dimanche dernier mais il a été repoussé sine die. C'est dimanche également que l'ancien dictateur Jean-Claude Duvalier a choisi de revenir dans son pays à la surprise générale, après 25 années d'exil en France.