La situation politique en Haïti était plus que jamais dans l'impasse dimanche trois semaines avant la fin du mandat du président sortant René Préval, alors que le second tour de l'élection a été repoussé sine die et que l'on ne sait toujours pas quels candidats il opposera.

Le deuxième tour de la présidentielle devait initialement se tenir ce dimanche. Mais les incertitudes qui entourent les résultats du premier tour organisé le 28 novembre, les incidents qui ont émaillé le scrutin et les accusations de fraude, ont amené les autorités à le repousser à une date indéterminée.

«Le 16 janvier était une planification du calendrier électoral. Dans la mesure où les résultats définitifs du premier tour des élections ne sont pas encore proclamés, la date ne sera pas respectée», a déclaré samedi à l'AFP le directeur général du Conseil électoral provisoire (CEP) Pierre-Louis Opont.

Les résultats du premier tour diffusés par le CEP en décembre, plaçant en tête l'ex-première Dame Mirlande Manigat et en deuxième position le candidat du pouvoir Jude Célestin, avait provoqué la colère de la population et notamment des partisans du candidat Michel Martelly arrivé en troisième position.

Pour calmer le jeu, le président René Préval a fait appel à une mission d'experts de l'Organisation des états américains (OEA) pour superviser le recomptage des voix.

La mission qui vient de remettre son rapport au chef de l'État suggère, selon une copie du document qu'a consulté l'AFP, d'écarter le candidat du pouvoir au profit de Michel Martelly qui serait ainsi qualifié pour le second tour aux côtés de Mirlande Manigat.

Les autorités haïtiennes vont-elles suivre les recommandations de l'OEA et disqualifier M. Célestin pour le remplacer par M. Martelly? Le gouvernement ne s'est pas encore prononcé sur les recommandations de l'OEA, mais des proches du pouvoir laissent entendre que ces suggestions ne sont pas contraignantes.

«Le CEP n'est pas lié par les recommandations desdits experts» a aussi déclaré samedi Ginette Chérubin, membre du CEP dans le quotidien haïtien Le Nouvelliste. «Cependant, l'Institution électorale tiendra certainement compte de ces recommandations. Dans quelle mesure? En tout ou en partie? Il ne sera possible de statuer qu'après analyse», a-t-elle ajouté.

La France, puissance coloniale jusqu'en 1804, a appelé les autorités haïtiennes à «tirer toutes les conséquences» du rapport de l'OEA «pour que les résultats définitifs du premier tour reflètent le choix exprimé par les électeurs».

Vendredi, des partisans présumés de M. Célestin ont tenté de réagir en bloquant les activités dans le centre de la capitale, Port-au-Prince, en ruines un an après le séisme qui a ravagé le pays le plus pauvre du Continent américain.

Quels que soient les candidats retenus, il est difficile de dire quand le deuxième tour sera organisé. Le chef de l'état sortant René Préval, interdit de se présenter à sa succession par la Constitution, devait quitter le pouvoir le 7 février, mais il a récemment indiqué qu'il ne partirait pas «car il n'y aura pas un président élu avant le 7 février».

Il a aussi indiqué qu'il pourrait se maintenir jusqu'au 14 mai afin de boucler le processus électoral et s'assurer qu'un président élu et un nouveau Parlement entrent en fonction avant son départ.

De nombreux partis d'opposition et des groupes de la société civile continuent d'exiger l'annulation des élections et le départ de M. Préval au 7 février.