Le chanteur haïtien Michel Martelly, dont l'exclusion du second tour de la présidentielle a été à l'origine de violences, a proposé mardi d'organiser à nouveau la consultation avec les 18 candidats du premier tour, dont le vainqueur deviendrait président.

«Un seul tour sous la supervision des organisations internationales et nationales, c'est la solution la plus simple à mon avis», a-t-il déclaré devant la presse. Le candidat arrivé en tête de cette nouvelle consultation serait déclaré vainqueur, a-t-il expliqué.

Il a proposé d'organiser ce vote le 16 janvier, date prévue pour le second tour.

M. Martelly, mieux connu sous son nom de scène de «Sweet Micky», a aussi appelé à réformer le Conseil électoral qui a proclamé les résultats du premier tour «pour redonner confiance envers le processus électoral, sinon le prochain président élu n'aura pas de légitimité populaire».

Selon les résultats annoncés mardi dernier par le Conseil électoral, M. Martelly est arrivé troisième de l'élection, avec à peine 7000 voix de moins que le candidat du pouvoir, Jude Célestin. L'ancienne Première dame Mirlande Manigat est arrivée en tête de la consultation, avec 31% des voix.

Accusant le pouvoir d'avoir organisé des fraudes, les partisans de M. Martelly ont violemment manifesté dans tout le pays la semaine dernière. Ces violences ont fait au moins cinq morts dans un pays déjà aux prises avec une épidémie de choléra et les séquelles du tremblement de terre du 12 janvier qui a dévasté la capitale Port-au-Prince et fait 250 000 morts.

Le Conseil électoral a engagé lundi un processus de «vérification» des résultats, qui doit conduire à la proclamation des résultats définitifs du premier tour le 20 décembre.

Se présentant comme la voix du changement, M. Martelly a appelé ses partisans à rester mobilisés. «La bataille ne fait que commencer, je ne baisserai pas les bras», a-t-il promis.

«J'ai choisi de donner une autre chance à mon pays pour arrêter le sang qui coule et les destructions, pour permettre aux enfants d'aller à l'école et aux commerçants de reprendre leurs activités», a-t-il ajouté.

Lors du premier tour du 28 novembre, «tout le monde a été victime des magouilles et des fraudes, tous les candidats en ont été victimes», à l'exception de celui du pouvoir, a lancé M. Martelly.

De son côté, le président sortant René Préval, à qui la constitution interdit de se représenter, a sollicité mardi l'aide de l'Organisation des États américains (OEA) afin qu'elle envoie dans le pays, le plus pauvre des Amériques, des experts chargés de soutenir le processus électoral.

«Face aux difficultés issues du premier tour des élections et dans le souci de rassurer tous les acteurs, le président de la République a sollicité de l'OEA l'envoi de deux missions techniques», a fait savoir la présidence dans un communiqué.

La première mission serait chargée d'aider à la vérification du comptage des votes et la seconde serait une mission d'assistance légale aux recours déposés par les candidats.

Les deux missions devraient arriver en Haïti mercredi et y travailler jusqu'à la proclamation des résultats définitifs du premier tour.