Le candidat du pouvoir Jude Célestin, qui s'est qualifié mardi pour le second tour de l'élection présidentielle en Haïti, est un protégé du président sortant René Préval qui était pratiquement inconnu du grand public avant la campagne électorale.

Ce moustachu de 49 ans réputé pour son penchant pour les femmes et les belles voitures a bénéficié d'importants moyens pour sa campagne, ses affiches jaunes et vertes recouvrant les murs du pays, y compris dans des villes éloignées de Port-au-Prince.

Il avait auparavant été placé par le président à la tête du Centre national des équipements (CNE), sorte de doublure du ministère des Travaux publics, mais avec un budget nettement plus important. C'est en dirigeant le CNE sous les deux mandats de M. Préval (1998-2002 et 2006-2010) qu'il a bâti son capital politique, travaillant à l'enlèvement des cadavres et des décombres du violent séisme du 12 janvier qui a ravagé Haïti.

Auparavant, il avait assuré le déblaiement des Gonaïves, couvertes de tonnes de boue après le passage de quatre cyclones qui avaient dévasté cette ville en 2008, et s'était alors fait remarquer par ses équipes de femmes aux commandes de tracteurs et d'engins lourds.

Ces mêmes bulldozers ornaient certaines de ses affiches de campagne, et dans ses réunions politiques, ses partisans insistaient sur le fait que Célestin «construit des routes» et que c'est de ça dont le pays a besoin.

À quatre jours du premier tour, il avait réuni des milliers de partisans au cours d'un rassemblement politique à Port-au-Prince. «Personne ne peut réunir autant de monde. Jamais», avait-il dit avant de promettre des emplois à tous les jeunes au cours d'un discours qui n'avait duré que dix minutes.

Sans expérience politique, M. Célestin était l'un des plus jeunes des 18  prétendants à la présidence d'Haïti sous la bannière du parti Inite («Unité» en créole) de René Préval.

Pendant la campagne électorale, il s'est présenté comme un rude travailleur et a défendu le bilan du président Préval. Il a soutenu la continuité politique au nom de la stabilité du pays, tout en promettant des changements dans les domaines où la présidence Préval a échoué.

«La continuité, c'est la théorie du cycle qu'il ne faut pas casser. Dans la continuité, il y a aussi le changement. Il faut continuer avec les réformes. On doit continuer avec la bonne gouvernance économique, la construction de routes, de ponts, des grands chantiers dans le domaine de l'infrastructure», dit-il sur son site internet de campagne.

Plus de la moitié des candidats en lice au premier tour ont dénoncé des fraudes massives en faveur de M. Célestin. Un des favoris, Michel Martelly, a même assuré qu'il refuserait un second tour face à lui.

M. Célestin dit avoir étudié le génie mécanique en Suisse. Son dossier de presse fait également état d'études en gestion des équipements lourds au Japon.