Au lendemain d'élections présidentielle et législatives émaillées d'incidents et de violences, le calme régnait lundi en Haïti, même si la légitimité du scrutin était mise en cause dans le pays et que la communauté internationale faisait part de ses inquiétudes.

Les activités avaient timidement repris dans la capitale Port-au-Prince dans la matinée, après le vote émaillé d'incidents et de violences qui ont fait deux morts et malgré l'appel d'une majorité des 18 candidats en lice pour la présidence réclamant l'annulation du scrutin.

Les écoles, l'administration et les banques étaient fermées tandis que les rues généralement embouteillées étaient quasiment vides dans plusieurs quartiers, a constaté l'AFP.

Aucun incident n'était signalé en province ou à Port-au-Prince où des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté dimanche pour réclamer l'annulation des scrutins marqués par des irrégularités et une grande désorganisation.

Les procès verbaux de la journée électorale, qui a eu lieu moins d'un an après le séisme qui a fait 250 000 morts et au moment où le pays se débat avec une épidémie de choléra, étaient affichés dans plusieurs bureaux de vote dont certains avaient été vandalisés.

Le Conseil électoral provisoire (CEP), qui a jugée «réussie», la journée électorale a promis de présenter un rapport sur les incidents qui ont entaché le vote.

Les élections avaient été validées dimanche soir dans la plus grande partie du pays par la commission électorale haïtienne et les résultats du premier tour doivent être diffusés à partir du 5 décembre. Un éventuel deuxième tour pourrait avoir lieu le 16 janvier.

L'ONU et la communauté internationale ont exhorté «la population ainsi que l'ensemble des acteurs politiques à rester calmes», soulignant «qu'une éventuelle détérioration de l'état de la sécurité dans le pays aurait des conséquences dramatiques immédiates sur le nombre des victimes de l'épidémie de choléra» qui a fait 1721 morts depuis la mi-octobre, selon un dernier bilan du ministère de la Santé.

La France a exprimé lundi sa «préoccupation» après les «nombreux incidents» qui ont perturbé les élections, déplorant des «dysfonctionnements» et appelant au «dialogue».

Des observateurs américains du Center for Economic and Policy Research (CEPR) ont estimé pour leur part que le scrutin avait été entaché de nombreuses irrégularités et appelé la communauté internationale à rejeter cette «farce évidente».

Lundi, les Haïtiens commentaient les événements de dimanche exprimant pour certains «la honte» que leur pays n'arrive pas organiser des élections sans heurts.

«Tenez bon, votre position est la bonne, cette équipe (le gouvernement) ne conduit pas le pays dans la bonne direction», a lancé sur les ondes de Radio Signal FM Edmonde Beauzile, une sénatrice dont le parti boycottait les élections.

Un des candidats à la présidence, le chanteur populaire Michel Martelly, devait donner une conférence de presse dans la matinée pour «faire part de sa position par rapport à la situation électorale actuelle».

Dans une déclaration commune, certains candidats, parmi lesquels des favoris tels Mirlande Manigat, Michel Martelly ainsi que Jacques-Édouard Alexis, ont dénoncé dès dimanche soir «un complot du gouvernement et du Conseil électoral provisoire (CEP) pour trafiquer les élections au profit du candidat du parti au pouvoir», Jude Célestin.

Ce dernier est accusé par ses détracteurs d'être une marionnette du président sortant René Préval.