«Une étoile est née», a fièrement clamé la station NBC de Miami à 20h mardi. Celui que certains conservateurs ont qualifié de «réponse républicaine à Obama», Marco Rubio, fils d'exilés cubains qui a surfé avec habileté sur le Tea Party, a été élu sénateur avec une majorité écrasante.

Dans la cour d'un hôtel de luxe de Coral Gables, banlieue cossue de Miami, le jeune politicien de 39 ans a harangué les milliers de partisans émus réunis pour sa soirée électorale. Il a remporté la victoire de façon décisive, avec plus de 50% des votes et une avance de plus de 1 million de voix. Cette course, «ce n'est pas celle de mes ambitions personnelles, mais celle de notre avenir», a-t-il dit. Il a répété à l'envi que les États-Unis étaient la plus grande nation de l'histoire de l'humanité. «Mais c'est quelque chose que nous ne voyons plus. De quoi aura l'air ce pays quand nos enfants seront grands? Serons-nous la première génération d'Américains à laisser moins à nos enfants que ce que nous avons reçu?»

Dans la foule, des bras sont tendus vers Rubio, jeunes et vieux ont répondu en choeur: «Non!» Charismatique, le tout nouveau sénateur a toutefois tenu à se montrer humble, demandant même à ses supporters de ne pas laisser Washington le changer. Il les a prévenus de ne pas arrêter le combat, son programme visant à «reconquérir l'Amérique» (Reclaim America). «C'est une deuxième chance pour les républicains d'être ce qu'ils ont promis d'être.»

Même s'il a écarté un républicain établi, l'ex-gouverneur Charlie Crist, M. Rubio se montre critique envers son parti. «Ce soir, nous sommes à la croisée des chemins, nous devons en choisir un. Il y a celui que les deux partis à Washington ont emprunté, celui des politiciens qui sont là pour être quelqu'un, pas pour faire quelque chose.» L'autre voie, a-t-il dit d'une voix douce, «c'est celle qui dit que nos enfants méritent de vivre dans la meilleure société de toute l'histoire de l'humanité. Celle qui dit qu'on peut accomplir ce qu'on veut si on est prêt à travailler fort et selon les règles.»

«Je suis si fier de la Floride, a déclaré, les larmes aux yeux, l'ex-gouverneur républicain Jeb Bush. C'est le bon homme au bon moment. Nous sommes un grand pays et nous avons besoin d'un grand leader. Notre nouveau leader, c'est Marco Rubio.»

Ruée de journalistes du monde

Dès les premières minutes de la soirée, les milliers de partisans de Marco Rubio ont eu des raisons de s'enthousiasmer. Sur un grand écran, les résultats préliminaires défilaient et donnaient la victoire à la majorité des candidats républicains. Rubio, avec le vote par anticipation, raflait déjà 51% des voix, contre 29% pour son rival indépendant Charlie Crist. Il a maintenu précisément cette avance toute la soirée. Le démocrate Kendrick Meek, comme l'avaient annoncé les sondages, fermait la marche avec 19% des voix. Entraînés par la musique cubaine de l'orchestre, les partisans y sont allés de vivats et d'applaudissements à tout rompre.

«Le pays avait besoin de changement, mais ce n'est pas celui d'Obama qu'il nous fallait», a dit Briana Emmett, républicaine de 29 ans de West Palm Beach. Son copain Enrico lui a tapé sur l'épaule avant d'ajouter: «Le changement qu'il nous faut, c'est Marco Rubio, la prochaine fois. En 2012.»

Signe indéniable de son pouvoir d'attraction, plus de 200 représentants des médias se sont enregistrés à la soirée électorale du républicain, de la presse slovaque en passant par Al-Jazira et de nombreuses télévisions d'Amérique latine.

Contrairement aux célèbres élections de 2000, les autorités ont rapporté peu d'incidents dans les bureaux de scrutin de Floride mardi. Dans l'autre grande course qui a mobilisé les électeurs de la Floride, celle du gouverneur de l'État, le républicain Rick Scott l'a emporté par quelque 200 000 voix sur la démocrate Alex Sink.