Les questions de l'avortement et du mariage sont pratiquement absentes des élections de mi-mandat, du moins en ce qui concerne les référendums des États. Alors que, en moyenne, une dizaine de référendums visaient ces questions morales aux dernières élections, il n'y a cette année que deux référendums sur l'avortement et aucun sur le mariage homosexuel.

Et encore, il s'agit de cas atypiques. L'idée d'interdire aux adolescentes d'avoir un avortement sans le consentement parental en Alaska a été soumise aux voix à la fin du mois d'août, lors des primaires - la mesure a été adoptée à 56%. Et le référendum qui vise à doter l'embryon du statut constitutionnel d'être humain au Colorado en est à sa troisième tentative et semble encore voué à l'échec, avec des sondages à plus de 70% négatifs.

«Ce n'est pas un hasard ni un changement de cap moral», explique Jennie Bowser, chercheuse à la Conférence nationale des parlements des États, qui suit le dossier des initiatives populaires. «C'est tout simplement qu'il manque de l'argent. On pense que les référendums sont de grands moments de participation populaire, mais les gens qui font du porte-à-porte pour recueillir les signatures nécessaires à la validation des référendums sont payés pour le faire. Les organismes de défense de la vie et de la famille ont moins de moyens que ceux qui veulent endiguer les dépenses publiques, et cela explique qu'il n'y ait presque pas de questions morales parmi les référendums, presque uniquement des questions de taxation et de déficits budgétaires.»

Quel impact cela aura-t-il sur les résultats au Sénat et au Congrès? «En général, les républicains profitent davantage des référendums que les démocrates, même si les groupes progressistes sont devenus plus habiles à en organiser depuis une décennie. Le cas le plus célèbre est celui de l'Ohio, en 2004: le seul référendum portait sur le mariage homosexuel et plusieurs croient que cela a permis à George Bush de remporter l'Ohio et la présidence. En général, les référendums sur des questions de finances publiques sont moins susceptibles d'aider les républicains.»