Des dizaines de victimes présumées d'abus sexuels commis par des prêtres ou religieux en Belgique vont assigner le Vatican devant la justice civile belge pour «négligence fautive», afin d'obtenir des dommages et intérêts, a indiqué vendredi leur avocat.

«La citation à comparaître sera prête ce week-end. Elle cible le Saint-Siège et plusieurs personnes physiques, en Belgique, sur la base de leur responsabilité civile, à l'analyse de leur attitude face aux abus sexuels, tant à l'époque où ils ont été commis qu'aujourd'hui», a expliqué dans le journal Le Soir Me Walter Van Steenbrugge.

«Le Saint-Siège exerce un pouvoir énorme, la pape prétend être un exemple... Qu'ils l'assument!», lance l'avocat.

La plainte repose notamment sur des «déclarations récentes de Ratzinger (le pape Benoît XVI) et de Léonard (le primat de Belgique André-Joseph Léonard), qui prétendent combattre les abus sexuels, alors qu'ils ont fait tout le contraire, protégeant des abuseurs, félicitant leurs protecteurs, excommuniant ceux qui dénonçaient les faits», explique Me Van Steenbrugge.

Pour lui, la «persistance de l'attitude de l'Église revient à perpétuer les abus» et il ne peut donc être question de prescription des faits.

L'avocat affirme en outre que le Saint-Siège ne bénéficie pas d'immunité dans ce cas et que sa comparution devant un tribunal civil serait «une première» en Europe.

Après les États-Unis, l'Irlande ou encore l'Allemagne, l'Église catholique belge a été éclaboussée en avril 2010 par un scandale de pédophilie.

Les plaintes se sont accumulées contre l'Église quand l'évêque de Bruges, Roger Vangheluwe a démissionné après avoir reconnu des abus sexuels sur un neveu mineur entre 1973 et 1986.

L'ex-évêque a provoqué un nouveau tollé il y a deux semaines en racontant à la télévision des abus sur non pas un, mais deux neveux, tout en minimisant ses actes.

Les évêques de Belgique ont appelé le Vatican à cesser de tergiverser et à sanctionner Roger Vangheluwe, jusqu'ici uniquement prié de suivre une thérapie et de se faire oublier.

L'archevêque Léonard, leur chef, est critiqué, notamment pour n'avoir pas encore précisé comment l'Église comptait dédommager les victimes.