Le Vatican a dévoilé jeudi une lettre qui démontrerait que l'actuel pape, Benoît XVI, a cherché dès 1988 une méthode plus rapide pour remplacer les prêtres accusés d'agressions sexuelles contre des enfants, mais que ses efforts se sont butés à un mur.

Une lettre écrite en 1988 par celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger a été publiée jeudi par le quotidien du Vatican. Dans cette missive, le cardinal Ratzinger déplore que la loi canonique rende excessivement difficile le remplacement des agresseurs s'ils ne demandent pas à être laïcisés volontairement.

Il demande également une méthode plus rapide et plus simple que les lourds procès canoniques pour punir les prêtres qui se sont rendus coupables de comportements graves et scandaleux. Sa demande a été rejetée, sous prétexte que cela porterait atteinte au droit des prêtres à se défendre.

Le Vatican cherche depuis longtemps à démontrer que le pape a fait plus que quiconque au Vatican pour punir les prêtres pédophiles. Il cite habituellement sa décision, en 2001, de transférer tous les cas d'agressions à son ancien bureau, la Congrégation pour la doctrine de la foi.

La lettre du 19 février 1988 démontre toutefois qu'il a cherché à apporter des changements au système beaucoup plus tôt.

Quand le scandale des agressions sexuelles a éclaté plus tôt cette année, plusieurs ont reproché à Benoît XVI - alors qu'il était préfet de la congrégation - d'avoir fréquemment fait la sourde oreille aux évêques qui demandaient le renvoi de prêtres problématiques. À cette époque, le cardinal Ratzinger appliquait des règles mises en place par son prédécesseur, Jean Paul II, et qui laissaient aux évêques le soin de punir ces prêtres.

Jean Paul II avait aussi resserré les règles qui encadraient le retrait de la prêtrise pour tenter de freiner l'exode de prêtres qui, dans les années 1970, ont quitté pour se marier.