Des cardinaux ont pris jeudi la défense de Benoît XVI, accusé d'avoir joué un rôle dans l'étouffement de scandales d'abus sexuels. Le pape a de son côté exhorté les prêtres à «s'opposer à la violence», lors d'une messe marquant le début des célébrations de Pâques, mais il n'a pas évoqué ces affaires de pédophilie qui minent l'Eglise catholique.

Le cardinal de Venise, Angelo Scola, a exprimé sa solidarité avec Benoît XVI durant la messe qu'il a célébrée dans la cité des Doges, le présentant comme victime d'«accusations mensongères». Mgr Scola a promis que les évêques italiens redoubleront d'efforts «pour prévenir les cas de pédophilie», mais a ajouté que l'Eglise ne devait pas subir «des stratégies de discrédit généralisé».

Tout en estimant que l'Eglise devait prendre les affaires d'abus sexuels très au sérieux, l'archevêque de Varsovie, Kazimierz Nycz, a de son côté reproché aux médias de «prendre pour cible l'ensemble de l'Eglise, (et) le pape».

Le cardinal autrichien Christoph Schonborn, qui avait reconnu la veille la responsabilité de l'Eglise dans le scandale des abus sexuels perpétrés par des prêtres, a assuré que Benoît XVI n'a jamais cherché à couvrir ces affaires lorsqu'il était cardinal et dirigeait la Congrégation pour la doctrine de la foi.

«Je peux dire avec certitude que, dans son rôle de préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il avait une ligne très claire de ne pas couvrir», mais au contraire, «de faire la lumière», a-t-il dit. D'après lui, les positions défendues par le pape, alors le cardinal Josef Ratzinger, n'avaient pas toujours été reçues favorablement au Vatican.

Dans un article en ligne diffusé mercredi sur le site Web du Vatican, le cardinal William Levada, actuel préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, s'en prend au «New York Times», à l'origine de révélations sur une affaire d'abus sexuels. ôôJe ne suis pas fier du bilan» de ce journal «en tant que parangon de justice», écrit-il.

Le «NYT» a rapporté récemment que l'Eglise avait décidé dans les années 1990 de ne pas révoquer un prêtre du Wisconsin, le père Lawrence Murphy, accusé d'abus sexuels sur des jeunes sourds. Cette révélation avait déjà valu au quotidien américain les foudres de l'ôôOsservatore Romano», le journal du Vatican, qui avait dénoncé la semaine dernière une «intention claire et méprisable» de prendre pour cible Benoît XVI «à tout prix».

Dans son article, Mgr Levada accuse le quotidien new-yorkais d'avoir utilisé injustement cette affaire pour chercher à mettre en cause la gestion des affaires d'abus sexuels par Benoît XVI. Le journal rétorque que personne n'a mis en doute les faits rapportés dans ses articles. «Les allégations d'abus au sein de l'Eglise catholique sont un sujet sérieux, comme le Vatican l'a reconnu à de nombreuses occasions», a déclaré Diane McNulty, porte-parole du ôôNYT». «Tout rôle que le pape actuel a pu jouer dans la réponse à ces allégations au fil des ans est un aspect important de cette histoire.»

Les accusations d'abus sexuels qui auraient été commis sur des enfants par des prêtres se multiplient depuis le début de l'année en Europe, s'ajoutant à des scandales similaires ayant déjà éclaté aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et ailleurs.

Benoît XVI a célébré jeudi une messe dédié aux prêtres dans la basilique Saint-Pierre, mais n'a pas évoqué les scandales. «Comme prêtres, nous sommes appelés à être, dans la communion avec Jésus Christ, des hommes de paix, (...) à nous opposer à la violence et à avoir confiance au plus grand pouvoir de l'amour», a-t-il déclaré.

Dans la soirée, le pape a conduit la cérémonie du lavement des pieds, signe traditionnel d'humilité, lors d'une messe à la basilique Saint-Jean-de-Latran à Rome. Benoît XVI a lavé versé de l'eau sur les pieds de 12 prêtres, assis en rang. Le souverain pontife a expliqué que Jésus, dans sa prière après avoir appelé les pieds de ses apôtres, «est toujours aussi un examen de conscience pour nous».

L'argent récolté lors de la quête auprès des fidèles massés dans la basilique devait être utilisé pour aider à la reconstruction d'un séminaire à Port-au-Prince, endommagé lors du séisme qui a frappé Haïti le 12 janvier.

Enfin, en Italie, des hommes politiques pro-Vatican, soutenus par des évêques, ont demandé avec succès qu'une loi approuvant l'usage de la pilule abortive RU-486 impose aux femmes qui veulent y avoir accès d'être hospitalisées. Le Vatican a pour sa part averti que les médecins qui la prescrivent et les femmes qui l'utilisent pourraient être excommuniés.