Une association turque de défense des droits des homosexuels a porté plainte mardi à Istanbul contre la ministre de la Famille et de la Femme Aliye Selma Kavaf après que celle-ci eut qualifié l'homosexualité de «maladie» devant être soignée.

Dans sa plainte, dont l'AFP a obtenu une copie, l'association Lambda accuse la ministre des délits d'insulte, d'incitation au crime et d'incitation à la haine, passibles respectivement de deux, cinq et trois ans d'emprisonnement.

Mme Kavaf «doit s'excuser auprès de tous les gays, lesbiennes, bisexuels, travestis et transsexuels pour ses déclarations discriminatoires et qui désignent les homosexuels comme des cibles», a déclaré à la sortie du tribunal Rüzgar Gökçe, militante de Lambda.

Une soixantaine de militants ont également manifesté aux cris de «nous sommes homosexuels, c'est l'homophobie qui est une maladie», «oui à l'amour et à la liberté, non à la haine» et «Kavaf démission».

Ministre d'État au sein du gouvernement islamo-conservateur du Parti de la justice et du développement (AKP), Mme Kavaf avait affirmé dans un entretien publié le 7 mars par le quotidien Hürriyet: «Je considère que l'homosexualité est un désordre biologique, une maladie.»

«À mon avis, c'est une chose qui doit être soignée», avait-elle ajouté.

Les propos de Mme Kavaf ont été désavoués par plusieurs cadres de l'AKP.

Me Firat Söyle, avocat de Lambda, a indiqué que la plainte déposée par l'association était surtout d'ordre symbolique, Mme Kavaf étant protégée par une immunité parlementaire.

Au contraire de nombreux autres pays musulmans, la Turquie ne réprime pas l'homosexualité. Mais les pressions sociales et les actes homophobes sont nombreux. Plusieurs homosexuels ont été tués dans des «crimes de haine».