L'Indus en crue menaçait plus que jamais mercredi des millions de gens dans le sud du Pakistan, un mois après le début d'inondations dévastatrices, et l'ONU a demandé à la communauté internationale de lui fournir d'urgence des hélicoptères pour secourir 800 000 sinistrés isolés.

À Kotri, dans la banlieue ouest de Hyderabad, une ville de 2,5 millions d'habitants non loin de l'embouchure de l'Indus, le fleuve est large, d'ordinaire, de 200 à 300 mètres.

Mais depuis quelques jours, il faut naviguer près de 3,5 km pour passer d'une rive à l'autre, expliquait mercredi à un journaliste de l'AFP le colonel Asad Ahmad Jalali, porte-parole local de l'armée, qui mène d'importantes opérations d'évacuation et de secours.

Dans la matinée, les eaux léchaient la route menant, à l'ouest, au district de Jamshoro, alors que, d'ordinaire, les rives de l'Indus ne sont pas à moins de 6 ou 7 km de là, a rapporté le journaliste de l'AFP. Le bord de la route était parsemé de tentes plantées par les sinistrés.

Mardi, les autorités avaient prévenu que les trois jours à venir seraient critiques, avant un début de décrue. La nuit s'est passée sans drame cependant, a indiqué mercredi matin à l'AFP Barkaat Rizvi, porte-parole de la municipalité.

«Les crues dureront encore trois jours mais nous continuons de renforcer les digues et nous avons réussi, jusque-là, à sauver la ville», a-t-il assuré. «Mais le danger est toujours là», a-t-il averti.

Depuis samedi, des centaines de milliers de gens, voire des millions dans cette basse vallée de l'Indus, fertile et donc très peuplée, ont fui la montée des eaux ou ont été évacués des villages, parfois de villes, par les autorités et l'armée ce qui, selon le gouvernement de la province du Sind, explique que personne n'a péri.

Mais les bilans précis arrivent généralement plus tard.

«Hyderabad et ses environs sont toujours confrontés à une menace, nous sommes sur le pied de guerre, ce sont des inondations sans précédent et nous combattons les eaux», a souligné mercredi Jam Saïfullah Dharejo, le ministre provincial de l'Irrigation, dont le département a envoyé depuis plusieurs jours «des milliers d'ouvriers» sur les digues.

Dans les quartiers bas de la ville, la sixième du Pakistan par sa population, «environ 8.000 personnes ont été évacuées vers des camps», a ajouté M. Rizvi.

Pour les trois jours à venir, si l'Indus monte encore de quelques mètres, il ouvrira probablement des brèches dans les digues protégeant Hyderabad et inondera notamment les quartiers de Latifabad et Kasimabad, dont les habitants ont été évacués.

Au Sud, entre Hyderabad et la mer d'Oman, où se jette l'Indus, les autorités craignent que les districts côtiers ne soient gravement inondés, voire balayés par la rencontre, dans le delta, entre les crues venant du nord et les grandes marées dues à la proximité de la pleine lune.

Au-delà de l'urgence à sauver la population, le Pakistan est confronté pour des mois, voire des années, à la plus grave crise humanitaire de son histoire, avec plus d'un cinquième du pays inondé, au moins 1.500 morts selon Islamabad, et plus de 17 millions de personnes affectées selon l'ONU.

Quelque 8 millions de sinistrés, dont environ 5 millions de sans-abri, ont besoin d'une aide d'urgence, estiment les Nations unies.

L'ONU a lancé mercredi un appel à la communauté internationale pour mettre à sa disposition d'urgence au moins 40 hélicoptères gros-porteurs afin de venir en aide à quelque 800.000 personnes totalement isolées.

«Nous avons besoin d'au moins 40 hélicoptères gros-porteurs de plus, à plein temps, afin de parvenir jusqu'à un nombre colossal de personnes de plus en plus désespérées et leur fournir l'essentiel pour leur survie», a expliqué Marcus Prior, porte-parole du Programme Alimentaire Mondial de l'ONU.