Le Pakistan a indiqué avoir reçu 300 millions de dollars d'aide internationale pour secourir les millions de victimes des inondations, mais beaucoup restaient sans abri ou nourriture, renforçant les critiques contre l'inefficacité du gouvernement.

Les flots nourris par les pluies torrentielles de la mousson, désormais la pire catastrophe de l'histoire du pays, ont affecté près de 20 millions de personnes, sur un total de 170 millions, et un cinquième du territoire.

Les flots boueux ont balayé des villages entiers et détruit de nombreuses infrastructures, laissant plus de 650 000 familles sans abri, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

Près de Multan, dans le sud de la province du Pendjab (centre), près de 3 000 réfugiés, pour moitié des enfants, luttaient ainsi contre une chaleur étouffante, des nuages de moustiques et de multiples problèmes d'estomac, à la merci des épidémies de choléra ou de typhoïde redoutées par l'ONU et les ONG.

La communauté internationale continuait de répondre à l'appel de fonds de 460 millions de dollars lancé la semaine dernière par l'ONU pour éviter une «seconde vague de morts» parmi les victimes.

La Commission européenne a ainsi porté son aide au Pakistan de 40 à 70 millions d'euros. Lundi, la Banque mondiale avait accordé au pays un prêt de 900 millions de dollars.

L'ONU a indiqué mercredi que le Pakistan avait désormais reçu l'équivalent de 45% du montant total de l'appel de fonds.

L'ambassadeur du Pakistan auprès des Nations Unies à Genève, Zamir Akram, a lui précisé que son pays avait collecté jusqu'ici 301 millions de dollars d'aide à la fois multilatérale, via l'ONU, et bilatérale.

L'Organisation de la conférence islamique (OCI) a appelé les pays musulmans à apporter une «aide urgente» au Pakistan. Le pape Benoît XVI a lui aussi souhaité que la communauté internationale apporte un «soutien concret» au Pakistan, en exprimant sa solidarité avec les victimes.

Les agences d'aide avaient ces derniers jours souligné qu'elles peinaient à rassembler l'argent nécessaire pour secourir d'urgence les six millions de sinistrés les plus vulnérables, dont de nombreux femmes et enfants.

Plusieurs pays dont le Japon, l'Australie, la Turquie et l'Arabie saoudite ont depuis annoncé de l'aide supplémentaire pour le Pakistan.

Les inondations ont tué jusqu'ici 1 475 personnes, blessées 2 052 autres, et endommagé 970 520 maisons, selon les derniers chiffres officiels annoncés mercredi par le ministre de l'Information Qamar Zaman Kaira.

«Mais ces chiffres pourraient augmenter car les eaux refluent et l'évaluation des dégâts commence seulement», a-t-il souligné.

Le président pakistanais Asif Ali Zardari, déjà critiqué pour ne pas avoir interrompu une tournée en Europe au plus fort des inondations, était mercredi en Russie pour un sommet régional consacré à l'Afghanistan. Il y a estimé que son pays sortirait à terme «renforcé» des inondations.

Une partie des victimes, campant dans des villages de fortune ou le long des routes, continuaient à dénoncer l'attitude jugée attentiste du gouvernement.

Plusieurs centaines ont à nouveau manifesté et réclamé de l'aide dans le nord-ouest, bloquant temporairement la route entre Islamabad et Peshawar.

Deux ministres britanniques, celui du Développement international Andrew Mitchell et la baronne Sayeeda Warsi (sans portefeuille), ont dû être évacués par hélicoptères après s'être retrouvés bloqués par des manifestants alors qu'ils venaient de visiter des zones inondées, selon leur délégation.

L'opposant politique et ancienne star du cricket Imran Khan a de son côté lancé une collecte de fonds pour les victimes, en soulignant que «les gens ne font pas confiance au gouvernement» pour gérer l'aide aux sinistrés.