Les agences humanitaires de l'ONU ont appelé vendredi les pays donateurs à verser le plus rapidement possible l'aide promise pour le Pakistan dévasté par des inondations, craignant une «seconde vague» de décès due aux maladies.

L'aide humanitaire est très loin de couvrir les besoins des millions de victimes provoquées par les pires inondations depuis 80 ans, ont reconnu les agences de l'ONU ainsi que le Comité de la Croix-Rouge internationale (CICR) au lendemain d'un appel de fonds international de 460 millions de dollars lancé par les Nations Unies.

«Il y a des millions de personnes qui ont besoin de nourriture, d'eau potable et de soins médicaux», a expliqué le chef des opérations pour l'Asie du sud du CICR Jacques de Maio lors d'un point de presse à Genève.

«Les efforts d'aide actuels ne peuvent clairement pas suivre face à l'ampleur de la situation», a-t-il reconnu.

«Quoi qu'on fasse, il est clair que des millions de personnes n'auront pas une aide dont ils ont cruellement besoin», a-t-il insisté.

Les agences humanitaires, présentes au Pakistan, suivent de près le risque «d'une seconde vague de décès provoqués par des maladies hydriques dues aux inondations», a encore prévenu le responsable.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), quelque 140 000 personnes ont consulté lundi les médecins. Pour l'instant, seules 15 étaient atteintes de diarrhées aiguës.

Le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a pour sa part indiqué qu'il avait jusqu'à présent récolté 147 millions de dollars d'aide, ainsi que des promesses sur 87 millions supplémentaires.

«L'appel est actuellement financé à 20%», a expliqué la porte-parole d'Ocha à Genève, Elisabeth Byrs, insistant sur la nécessité d'accélérer l'aide pour les 6 millions de personnes les plus vulnérables.

Les autorités pakistanaises estiment à quelque 14 millions le nombre de personnes affectées à des degrés divers par les graves inondations au Pakistan qui ont fait, selon elle, 1343 décès confirmés. L'ONU estime de son côté à 1600 le nombre de morts.

Le CICR considère qu'il est très difficile de faire des estimations, étant donné la difficulté à accéder à certaines régions en raison des dégâts dus à une mousson exceptionnellement violente.

«Nous devons reconnaître notre ignorance et l'impossibilité à l'heure actuelle de mesurer avec précision l'ampleur et la portée exacte (...) de cette catastrophe», a souligné M. de Maio.

Malgré les défis posés à l'aide, les agences humanitaires font tout pour atteindre le maximum de personnes dans les plus brefs délais.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM), en charge des tentes, a de son côté annoncé qu'elle prévoyait d'aider 300 000 familles, soit environ 2 millions de personnes. Seul un quart de ces personnes ont reçu des tentes et des abris jusqu'à présent, a admis un porte-parole Jared Bloch.

Quant au Programme alimentaire mondial, il a fait savoir qu'il comptait atteindre 2 millions de personnes d'ici le 20 août. L'agence dispose d'assez de rations pour nourrir six millions de personnes pendant un mois.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon est attendu samedi au Pakistan et se rendra dans les zones dévastées par les pires inondations de l'histoire du pays.