Le puissant syndicat tunisien UGTT a repris sa médiation mercredi entre l'opposition et le parti islamiste Ennahda qui dirige le gouvernement, dans l'espoir de trouver une issue à la crise politique dans laquelle le pays est enlisé depuis fin juillet.

Les représentants de l'UGTT ont reçu mercredi à la mi-journée ceux du Front de salut national (FSN), une coalition d'opposants allant de l'extrême-gauche au centre-droit, mais cette dernière a une nouvelle fois exclu le principe d'un dialogue avec Ennahda tant que le gouvernement n'avait pas démissionné.

Peu après, le syndicat a indiqué que la rencontre entre son secrétaire général Houcine Abassi et le chef d'Ennahda Rached Ghannouchi avait été reportée à jeudi matin.

«L'opposition considère qu'il n'est pas question d'aller vers un dialogue tant qu'Ennahda n'a pas annoncé la démission du gouvernement et la formation d'un gouvernement (de technocrates) présidé par un indépendant», a déclaré à la radio Mosaïque FM le secrétaire général de l'UGTT, Houcine Abassi.

Maya Jribi, une dirigeante du Parti républicain, a insisté sur cette position.

«Ce gouvernement est incapable d'assurer la sécurité (...) il faut qu'Ennahda soit conscient de la gravité de la situation et de la nécessité d'accepter un gouvernement de salut national», a-t-elle dit à Shems-FM.

«Sur ce fondement, un dialogue peut s'ouvrir et on pourra voir les modalités d'élaboration de la Constitution», a-t-elle ajouté.

Jusqu'à présent, outre la mise en place d'un nouveau gouvernement, l'opposition réclame la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC) qui en près de deux ans n'a pas réussi à adopter la nouvelle loi fondamentale tunisienne.

Ennahda propose de son côté un gouvernement d'union nationale élargi à un maximum de partis, des élections en décembre et le maintien de l'ANC.

Le secrétaire général de l'UGTT doit encore s'entretenir mercredi avec le chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi, pour leur deuxième réunion de la semaine après qu'une première rencontre lundi n'a donné lieu à aucune percée pour résoudre la crise par l'assassinat le 25 juillet du député Mohamed Brahmi, attribué à la mouvance jihadiste.

L'UGTT, qui a adopté une position médiane en militant pour un gouvernement apolitique et le maintien de l'assemblée, s'est retrouvé à contrecoeur dans le rôle du médiateur après que le président de la Constituante a gelé les travaux de l'Assemblée le 6 août en demandant au syndicat d'amener les islamistes et les opposants vers un compromis.

Le FSN a pour sa part prévu une «semaine du départ» à compter de samedi pour arracher, via des manifestations pacifiques, le départ du gouvernement actuel.

Le premier ministre Ali Larayedh a mis en garde mardi contre toute «atteinte aux institutions de l'État».

Le gouvernement est accusé d'avoir failli sur le plan sécuritaire face à l'essor de la mouvance jihadiste, mais aussi dans le domaine économique, alors que les revendications sociales étaient au coeur de la révolution de janvier 2011.

Un premier cabinet dirigé par Ennahda avait déjà été poussé à la démission après l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd en février.