Les États-Unis sont prêts à coopérer avec les islamistes vainqueurs des élections tunisiennes, a dit lundi la secrétaire d'État Hillary Clinton, en soulignant que «les islamistes ne sont pas tous les mêmes».

Les responsables du parti Ennahda «vont devoir persuader les partis laïcs de travailler avec eux. L'Amérique, elle aussi, travaillera avec eux», a-t-elle promis dans un discours devant NDI, un groupe de défense de la démocratie.

La chef de la diplomatie américaine a rappelé qu'Ennahda avait promis de respecter la liberté religieuse et les droits des femmes. Elle a aussi souligné que de nombreux partis d'inspiration religieuse dans le monde s'inscrivaient normalement dans le jeu démocratique.

«L'idée que des musulmans pratiquants ne peuvent s'épanouir dans une démocratie est insultante, dangereuse, et fausse», a-t-elle assuré.

Mme Clinton a énuméré les critères à respecter par tout parti respectant la démocratie: rejet de la violence, adhésion à l'État de droit et respect des libertés, respect des droit des femmes et des minorités, acceptation des défaites électorales et refus d'attiser les tensions religieuses.

«En d'autres termes», a-t-elle conclu, «la façon dont les partis se nomment a moins d'importance à nos yeux que ce qu'ils font réellement».

La secrétaire d'État a aussi assuré que les États-Unis continueraient de soutenir le printemps arabe malgré «l'incertitude» des transitions en cours.

«Nous reconnaissons aujourd'hui que le véritable choix est entre la réforme et les troubles», a-t-elle déclaré, en se disant consciente du «scepticisme» des peuples arabes envers l'Amérique.

«Pendant des années, les dictateurs ont dit à leurs peuples qu'ils devaient accepter des autocrates pour éviter des extrémistes. Trop souvent, nous acceptions nous-mêmes ce raisonnement», a expliqué la secrétaire d'Etat.

Hillary Clinton a enfin répété que les bouleversements de 2011 rendaient plus urgent encore d'arriver à la paix entre Israël et les Palestiniens.

Pour les deux parties, mettre les efforts de paix entre parenthèses pendant le printemps arabe serait «de courte vue», a-t-elle mis en garde.

L'administration Obama, de son côté, «travaille à obtenir cette paix tous les jours, malgré tous les revers». Mais Washington répondra aussi «aux menaces contre la paix régionale, qu'elles émanent de dictatures ou de démocraties».