L'armée russe a mené des raids aériens contre 456 cibles «terroristes» depuis le début de son intervention militaire en Syrie le 30 septembre, a annoncé vendredi le chef des opérations, le général Andreï Kartapolov.

En plus de deux semaines d'intervention, «nous avons mené 669 sorties aériennes (...). Au total, 456 cibles ont été détruites, portant un coup dur à l'infrastructure (...) et aux systèmes d'approvisionnement et de commandement des groupes terroristes», parmi lesquels le groupe djihadiste État islamique, a déclaré ce haut responsable militaire russe dans un communiqué.

Il a assuré que les militants de l'EI étaient «démoralisés» et «désertaient en masse».

«La colère des militants contre leurs commandants gronde, et des cas de désobéissance ont été enregistrés», affirme le général Kartapolov.

Plus tôt dans la journée, l'architecte de l'intervention russe en Syrie était revenu, dans un entretien au quotidien populaire Komsomolskaïa Pravda, sur la genèse de ces frappes qui ont d'après lui pris de vitesse les autorités américaines.

«Nous avons utilisé un certain nombre de moyens techniques, tactiques et de communication» pour acheminer en secret des armes russes en Syrie, a-t-il expliqué, assurant que les États-Unis n'avaient «rien vu».

Pour l'administration américaine, «il est humiliant de reconnaître qu'elle ne peut pas régler ce problème sans la Russie», raison pour laquelle Washington n'a pas voulu rejoindre le centre de coordination et d'échanges de renseignements militaires mis sur pied à Bagdad par la Syrie, l'Iran, l'Irak et la Russie.

À Bagdad, où les raids aériens ont été planifiés, «j'ai attendu presque toute une journée que les Américains prennent contact avec nous. J'ai longtemps attendu et puis je suis parti», a expliqué le général Kartapolov.

Revenant sur les cibles des frappes aériennes, présentées par la Russie comme étant des cibles de l'EI alors que l'Europe et Washington accusent Moscou de se concentrer sur les rebelles modérés, le haut gradé russe a assuré que la Russie «déployait en permanence l'ensemble de ses moyens de reconnaissance».

La situation sur le terrain «n'a pas de secret pour nous», a-t-il assuré, répétant que «nous avons semé la panique et constaté des cas d'abandons de poste chez l'EI (...) Comme l'a dit un général syrien, l'action de l'armée russe a rendu le sourire aux enfants syriens».

À l'inverse, «la coalition dirigée par les États-Unis vise les infrastructures, ce qui rend la vie des gens insupportable» mais n'affaiblit pas l'EI, a insisté le général Kartapolov: «C'est un simulacre, une imitation de frappes aériennes».

Le militaire s'est enfin dit favorable à la création d'une grande base permanente russe en Syrie, qui utiliserait à la fois les capacités des installations logistiques du port de Tartous et l'aéroport de Lattaquié, où sont déployés les avions et hélicoptères russes frappant en Syrie.

«Nous saluons toute volonté de la Russie de créer des bases militaires en Syrie», a réagi l'ambassadeur de Syrie à Moscou, Riad Haddad, cité par l'agence de presse Interfax.

Il a par ailleurs exprimé la certitude que les forces du régime syrien «détruiraient ensemble avec la Russie les organisations terroristes» présentes sur le territoire syrien.