Les États-Unis devraient accueillir 50 000 réfugiés syriens et les installer à Detroit au Michigan pour repeupler cette ville en perte de vitesse, ont proposé deux intellectuels dans une tribune publiée dans le New York Times.

«Les réfugiés syriens sont une communauté idéale pour réaliser cet objectif, les Arabo-Américains ayant déjà une présence dynamique et brillante dans la métropole de Detroit», ont écrit David D. Laitin, professeur de Sciences politiques à l'Université de Stanford en Californie et Marc Jahr, ancien président de la New York City housing development corporation.

Ils rappellent ainsi que la ville du nord des États-Unis, «autrefois une grande ville, est devenue un vide urbain».

Après avoir dû se déclarer en faillite à l'été 2013, Detroit en est sortie en janvier 2015 après un long processus judiciaire et un rééchelonnement de sa dette qui atteignait 18 milliards de dollars.

Capitale historique de l'industrie automobile américaine qui a souffert ces dernières années, elle est passée de 1,9 million d'âmes en 1950 à quelque 700 000 aujourd'hui, et compte près de 70 000 bâtiments abandonnés.

De l'autre côté, des réfugiés toujours plus nombreux fuyant la guerre civile en Syrie. Ils sont près de 1,8 million en Turquie, environ 600 000 en Jordanie.

«Imaginons que ces deux désastres humanitaire et social étaient réunis pour produire quelque chose de positif», poursuivent-ils.

Bien que peu réaliste, les deux auteurs fondent leur hypothèse également sur une proposition déjà faite par le gouverneur républicain du Michigan, Rick Snyder, qui avait appelé en janvier 2014 à accueillir 50 000 réfugiés pour «revitaliser» Detroit.

«Réinstaller des Syriens à Detroit va nécessiter de l'engagement et de la coopération à différents niveaux au sein du gouvernement, mais c'est éminemment faisable», pensent MM. Laitin et Jahr.

Selon eux, le président Obama devra «remonter son plafond annuel (d'accueil) pour les réfugiés à 50 000» et débloquer 1,5 milliard de dollars.

Si les réfugiés syriens «ne sont pas censés être l'unique source de régénération pour Detroit», «ils apporteront une nouvelle vitalité et catalyseront son redressement», espèrent-ils dans leur tribune publiée jeudi.

«Les sceptiques pointeront les difficultés d'assimilation», «mais il n'y a aucune preuve qui suggère que Detroit soit une poudrière anti-immigration», estiment-ils.

Pour eux, installer ces réfugiés «est cohérent avec l'engagement éthique et moral de l'Amérique; cela enverrait un message puissant au président (syrien) Bachar al-Assad, au (groupe armé) État islamique et au monde concernant la compassion et l'ingéniosité américaine».