La Coalition nationale syrienne (CNS), regroupant l'opposition à Bachar al-Assad soutenue par l'Occident, l'Arabie saoudite et le Qatar, a élu mercredi à Istanbul Hadi el-Bahra comme son nouveau chef, dans le but de mettre un terme aux divisions au sein de l'opposition au régime syrien.

Hadi el-Bahra, qui était soutenu par son prédécesseur, Ahmad Jarba, et par l'Arabie saoudite, où il réside, a été élu lors d'une réunion tenue dans une lointaine banlieue d'Istanbul, a fait savoir la coalition sur sa page Facebook.

M. el-Bahra, un ingénieur industriel qui a fait des études aux États-Unis et qui parle couramment l'anglais, a obtenu 62 voix lors du vote tenu tôt mercredi tandis que son principal rival, Mouwafaq Nayrabiyeh, en a obtenu 41.

Le nouveau président du CNS, qui est né à Damas en 1959, a passé la plus grande partie de sa vie d'adulte en Arabie saoudite où il gère plusieurs hôpitaux et d'autres entreprises. Expert en communication, il a dirigé l'équipe de négociation dans la délégation de l'opposition à la conférence Genève II en janvier dernier qui avait échoué à déboucher sur un règlement de la sanglante crise syrienne.

Lors d'un entretien avec l'AFP lors de ces discussions, Hadi el-Bahra s'était dit déterminé à oeuvrer en faveur d'une solution politique au conflit, insistant sur le fait que l'opposition «ne cherchait pas à augmenter ses pouvoirs ou à imposer une opinion».

Il succède à Ahmad Jarba, qui dirigeait la coalition depuis juillet 2013, mais n'a pas réussi à unifier l'opposition et à obtenir un soutien militaire occidental significatif.

Le nouveau chef de l'opposition syrienne aura pour tâche de poursuivre les efforts pour chasser le président syrien du pouvoir, au moment où le régime de Damas gagne du terrain militairement et que les djihadistes de l'État islamique (EI) progressent eux aussi.

Ces djihadistes ultra-radicaux, déjà très présents en Syrie, contrôlent de vastes pans de l'Irak depuis une offensive éclair début juin qui les a menés aux portes de Bagdad. Le groupe a proclamé un califat islamique sur les territoires qu'il contrôle à cheval entre la Syrie et l'Irak.

Divisions internes

L'opposition syrienne est minée par des conflits internes liés à des différends entre les pays qui la soutiennent, notamment l'Arabie saoudite et le Qatar. En outre, son influence sur le terrain est extrêmement limitée.

Réunie à Sile, un district balnéaire d'Istanbul sur la mer Noire depuis plusieurs jours, les représentants de la coalition doivent élire dans la journée de mercredi un vice-président et un secrétaire général tandis que M. el-Bahra devrait s'adresser à la presse.

L'Occident semble désormais plus préoccupé par l'avènement des djihadistes de l'EI que de répondre aux demandes insistantes de fonds et d'armes de l'opposition syrienne.

Le président américain Barack Obama a fait un geste le mois dernier pour l'opposition syrienne en demandant au Congrès d'autoriser un budget de 500 millions de dollars pour «entraîner et équiper» l'opposition armée modérée.

La pression de l'EI n'est pas pour rien dans cette requête. «Ces fonds aideront les Syriens à se défendre, à stabiliser les zones sous contrôle de l'opposition, à faciliter la fourniture de services essentiels, à contrer les menaces terroristes et faciliter les conditions d'un règlement négocié», plaide la Maison-Blanche.

Officiellement, le soutien américain aux rebelles syriens se cantonne à une aide non létale pour un montant total de 287 millions de dollars.

La coalition syrienne est reconnue par plusieurs États, dont les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France, comme la seule représentante légitime des Syriens.