La libération des prisonniers détenus en Syrie se fait au compte-gouttes après l'annonce lundi d'une large amnistie décrétée par Bachar al-Assad, suite à sa réélection pour un nouveau septennat, a affirmé jeudi une ONG.

«Il n'y a eu que 529 libérations en trois jours et il ne s'agit pas seulement de prisonniers politiques, il y a aussi des détenus de droit commun. C'est un chiffre très faible», a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

«Si les élargissements continuent à ce rythme, il faudra plus d'un an pour que toutes les personnes concernées par l'amnistie soient relâchées. Pendant ce temps, d'autres se retrouvent derrière les barreaux car les arrestations continuent tous les jours», a-t-il pesté.

Pour sa part, l'agence officielle Sana avait fait état mercredi de 274 libérations de la prison d'Adra, près de Damas. Jeudi, 124 prisonniers ont été libérés de la prison de Deraa (sud) et 31 de celle de Deir Ezzor (est) toujours, selon Sana.

L'amnistie, si elle est appliquée dans son intégralité, devrait concerner 100 000 détenus, dont la moitié se trouve aux mains des services de renseignements, après avoir été arrêtés dans le cadre de la loi antiterroriste promulguée en juillet 2012.

Pour les personnes détenues dans des prisons, c'est du ressort du tribunal antiterroriste et des cours criminelles de passer en revue les noms des prisonniers pouvant bénéficier de l'amnistie et d'envoyer leurs listes aux différents centres de détention.

En revanche, ce sont les différents services de renseignements qui décident de la libération de ceux qui sont entre leurs mains, a indiqué Anwar al-Bounni, un avocat des droits de l'Homme, basé à Damas.

Pour Rami Abdel Rahmane, «cela signifie que c'est l'apanage de l'officier des renseignements qui décide selon son bon vouloir ou en fonction des pots de vin qu'il a reçus».

Mercredi, Ranime Maatouk, la fille d'un célèbre avocat et prisonnier de conscience Khalil Maatouk, a été libérée, a déclaré Me Michel Chammas.

Ranime Maatouk, 24 ans, étudiante à l'école des beaux-arts, avait été arrêtée le 17 février avec une amie. Son père est en prison depuis octobre 2012.