D'anciens procureurs internationaux ont estimé mardi à Genève qu'il restait possible de poursuivre les auteurs de crimes commis durant le conflit en Syrie malgré le blocage de la Russie et de la Chine à l'ONU.

«Ce n'est pas parce que nous avons un veto au Conseil de sécurité (de l'ONU) que cela doit nous empêcher de continuer à agir et de rechercher la justice pour le peuple syrien», a déclaré David Crane, l'ancien procureur international qui a inculpé l'ex-président libérien Charles Taylor, condamné ensuite à 50 ans de prison pour crimes contre l'humanité pour son rôle dans la guerre civile en Sierra Leone.

La Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ont mis le 22 mai dernier leur veto à un projet de résolution présenté par la France et qui prévoyait que la Cour pénale internationale (CPI) soit saisie des crimes commis par les deux camps en Syrie.

L'approbation du Conseil de sécurité est nécessaire pour que la CPI soit saisie du dossier syrien, mais M. Crane a estimé qu'il existait d'autres options pour que justice soit faite, au travers de tribunaux spéciaux nationaux ou régionaux.

«Toutes les options sont sur la table», a-t-il déclaré en marge d'une session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève.

Desmond Lorenz de Silva, lui aussi ancien procureur du tribunal spécial pour la Sierra Leone, a également estimé qu'il y avait des moyens de contourner le blocage au Conseil de sécurité.

Il a souligné qu'un certain nombre de tribunaux spéciaux avaient été créés en dehors du système de l'ONU, évoquant les procès de Nuremberg contre les dirigeants nazis après la Seconde guerre mondiale.

«Cela a déjà été fait», a-t-il déclaré à l'AFP. «Justice sera faite dans ce cas» aussi, a-t-il ajouté, parlant de la Syrie.