Plus de 15 millions de Syriens sont appelés à voter lors de l'élection présidentielle du 3 juin en faveur de l'un des trois candidats, dont le président Bachar al-Assad, assuré d'être réélu, a affirmé mercredi le ministère syrien de l'Intérieur.

«Le nombre de citoyens ayant 18 ans et pouvant exercer leur droit électoral conformément à la Constitution s'élève à 15 845 575 à l'intérieur et à l'extérieur du territoire syrien», a précisé le ministère cité par l'agence officielle Sana.

Plus de 9000 bureaux de vote contenant plus de 11 000 urnes seront installés «dans tous les gouvernorats» du pays en guerre.

Ils seront ouverts de 7 h du matin jusqu'à 19 h. Le vote peut être prolongé de cinq heures à la demande de la commission juridique pour les élections.

Les électeurs peuvent voter où ils le souhaitent en utilisant leur carte d'identité, selon le ministère. Ceci a pour but de faciliter le vote des quelque sept millions de déplacés dans le pays.

Des milliers de Syriens votent au Liban et en Jordanie

Des milliers de Syriens affluaient mercredi dans leurs ambassades au Liban et en Jordanie pour voter en avance dans le cadre de l'élection présidentielle du 3 juin qui doit aboutir à la reconduction de Bachar al-Assad.

Dans l'est de Beyrouth, à Yarzé, toutes les rues menant à l'ambassade étaient envahies par une foule immense, qui arborait des portraits du président Assad, souvent en uniforme, et des drapeaux syriens et du Hezbollah, le mouvement chiite libanais qui combat la rébellion aux côtés de l'armée syrienne, selon des journalistes de l'AFP sur place.

À Amman, des centaines de Syriens faisaient également la queue devant leur ambassade située dans le quartier cossu d'Abdoun, dans l'ouest de la capitale, brandissant des drapeaux syriens ou des portraits de M. Assad.

Une trentaine de militants scandaient des slogans antigouvernementaux aux abords de la représentation et brandissaient des bannières proclamant notamment «Non à l'élection sanglante» et «non à la réélection du meurtrier».

Le scrutin à l'étranger a lieu en amont du vote en Syrie, prévu le 3 juin.

Seuls 200 000 des 3 millions de réfugiés ou d'expatriés sont inscrits sur les listes électorales dans 38 ambassades, où le vote est prévu mercredi.

Selon le ministère syrien des Affaires étrangères, 40 000 citoyens sont inscrits sur ces listes au Liban, qui accueille plus d'un million de réfugiés syriens.

À Beyrouth, toutes les entrées de la ville étaient bloquées par des embouteillages monstres s'étendant sur plusieurs kilomètres.

La majorité des votants ont choisi de se rendre au scrutin à pied. D'autres, en bus ou en voiture, avaient le plus grand mal à avancer.

Les encombrements ont commencé à six heures du matin, empêchant les étudiants devant passer leur bac de français d'atteindre les lieux d'examen, et les élèves de la région n'ont pas pu gagner leurs écoles.

L'armée libanaise multipliait les contrôles aux nombreux barrages installés dans le secteur, confisquant tout ce qui peut être utilisé dans d'éventuelles bagarres, comme les tiges en bois des drapeaux.

«La couronne de la patrie», «Le lion des Arabes», «Par notre âme et notre sang, nous nous sacrifions pour toi», pouvait-on lire sur les portraits de Bachar al-Assad.

«Où sont les "Amis de la Syrie"? Qu'ils viennent voir» les milliers de gens venant voter, a lancé à l'AFP un jeune homme, assis dans un bus et arborant le drapeau de son pays, tandis que d'autres faisaient le «V» de la victoire.

Les «Amis de la Syrie» est une coalition de pays arabes et occidentaux soutenant la rébellion qui combat le régime de Damas depuis trois ans.

La télévision syrienne a interrompu à plusieurs reprises ses programmes pour diffuser des émissions en direct de Beyrouth.

«Ces élections sont une réponse à tous ceux qui ont parié sur la chute de la Syrie. Cela démontre que le peuple syrien est attaché à sa terre, à sa patrie et à sa souveraineté», a déclaré à la télévision syrienne l'ambassadeur au Liban, Ali Abdelkarim Ali.

La réélection de Bachar al-Assad est assurée face à deux candidats qui servent de faire-valoir.

L'élection présidentielle est organisée par le régime dans les seules régions sous son contrôle. Elle a été qualifiée de «farce» par plusieurs pays occidentaux et par l'opposition syrienne en exil.

Il s'agit théoriquement de la première élection présidentielle depuis plus de cinquante ans en Syrie, M. Assad et son père Hafez - qui a dirigé le pays d'une main de fer de 1970 à 2000 - ayant été nommés à l'issue de référendums.