La Syrie a remis 86% de ses armes chimiques en vue de leur destruction, selon l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), alors que Damas est désormais soupçonné d'avoir utilisé un produit industriel toxique dans des attaques.

Sur le terrain, la Croix-Rouge s'est dite «horrifiée» par l'escalade des violences ces derniers jours à Alep, faisant état d'«attaques à tort et à travers contre des civils» et appelant toutes les parties à respecter le droit international et à laisser passer l'aide humanitaire.

Et le régime syrien a fixé au 3 juin l'élection présidentielle, un scrutin déjà dénoncé comme une «farce» par l'opposition et qui devrait conduire à la réélection de Bachar al-Assad.

Le dernier décompte de l'OIAC intervient alors que la Syrie s'est engagée à livrer ses stocks d'armes chimiques avant le 27 avril, afin qu'ils soient détruits au 30 juin.

«Nous espérons que les deux ou trois envois qui restent seront livrés rapidement pour permettre aux opérations de destruction de commencer à temps», a déclaré le directeur général de l'OIAC, Ahmet Uzumcu.

Livrés au port de Lattaquié, les stocks d'agents chimiques sont immédiatement chargés sur des cargos, d'où ils devront être transbordés sur un navire américain pour leur destruction.

Mais alors que ce dispositif a été mis en place pour éviter les frappes punitives que les États-Unis et la France envisageaient après une attaque chimique dévastatrice contre des zones rebelles en août, les deux pays ont indiqué avoir des éléments sur l'utilisation récente de produits industriels toxiques.

La Maison-Blanche a ainsi fait état d'une attaque de ce type à Kafarzita, un bastion rebelle de la province de Hama (centre), où des des militants et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) avaient évoqué le 12 avril des cas de suffocations après une frappe aux barils d'explosifs.

La télévision officielle syrienne avait accusé le Front al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, d'avoir attaqué Kafarzita au «chlore toxique».

Des militants anti-régime ont également évoqué d'autres attaques au chlore, la plus récente ayant eu lieu, selon eux, lundi dans la province d'Idleb (nord-ouest).

Selon Hamish de Bretton-Gordon, un expert en armes chimiques interrogé par l'AFP, le chlore est un produit très largement utilisé dans le civil et Damas n'a donc pas eu à en communiquer ses stocks.

Sa toxicité est assez faible, mais il reste «très efficace dans ce type de guerre; dans des zones urbaines, les armes chimiques s'introduisant dans tous les coins et recoins», a-t-il ajouté.

«Parodie de démocratie» 

Alors que le conflit devient toujours plus complexe en raison des luttes fratricides entre groupes rebelles rivaux, les combats continuaient de faire rage à travers le pays, où plus de 150.000 personnes ont trouvé la mort depuis mars 2011 selon l'OSDH.

L'aviation a notamment de nouveau bombardé des zones rebelles à Alep et sur la Vieille ville de Homs (centre).

Estimant qu'environ 500 de ses ressortissants sont déjà partis se battre en Syrie, le gouvernement français annoncé qu'il allait présenter mercredi de nouvelles mesures pour «dissuader» et «punir» les candidats au jihad.

Autour de 10 000 étrangers, dont plusieurs milliers venant de pays occidentaux, combattent en Syrie contre le régime de Bachar al-Assad.

Dans le sens inverse, la Turquie a annoncé que le nombre de réfugiés syriens accueillis sur son sol avait dépassé le million, mais assuré qu'elle ne leur fermerait pas la porte.

Selon l'ONU, le conflit a déraciné près de la moitié de la population syrienne, avec 6,5 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays et 2,6 millions de réfugiés dans les pays voisins.

Dans ces conditions, l'annonce lundi qu'une élection présidentielle aurait lieu le 3 juin en Syrie a provoqué de vives critiques de la communauté internationale. Washington a dénoncé une «parodie de démocratie» et l'Union européenne a estimé qu'un tel scrutin serait «dépourvu de toute crédibilité».

Le chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a estimé de son côté qu'il n'était «pas possible d'organiser une élection présidentielle transparente, démocratique et crédible au milieu de cette tragédie humaine».

Jusqu'à présent, Bachar al-Assad --comme son père Hafez -- avait été élu par référendum. Candidat unique, il a recueilli 97,29% des voix en 2000 puis 97,62% en 2007.

La nouvelle Constitution approuvée en 2012 permet des candidatures multiples. Mais pour se présenter, il faut avoir vécu en Syrie de manière continue ces 10 dernières années et obtenir le parrainage d'au moins 35 des 250 députés, ce qui exclut les opposants en exil et limite fortement les opposants de l'intérieur.