L'armée syrienne intensifiait mercredi ses bombardements des rebelles à Lattaquié en vue de les déloger des positions qu'ils ont prises dans cette province côtière fief du régime de Bachar al-Assad, ont affirmé des militaires sur place à l'AFP.

Le correspondant de l'AFP, accompagnant l'armée dans la région, se trouvait dans le village d'al-Bassit, à 15 km à l'ouest de Kassab, une localité stratégique à la frontière avec la Turquie prise dimanche par les rebelles.

Cette localité est à majorité arménienne et la plupart de ses habitants ont fui depuis le début des violences notamment vers la ville de Lattaquié, épargnée depuis trois ans par les violences.

A partir d'al-Bassit, le journaliste a pu voir des colonnes de fumée s'élever de la montagne qui sépare ce village de Kassab.

«L'armée bombarde Kassab sans relâche pour empêcher les rebelles de s'y positionner. Il en va de même pour le village (proche) de Samra que les hommes armés (rebelles) contrôlent aussi», a affirmé à l'AFP un officier syrien.

Selon lui, des «milliers» de rebelles avaient pris part vendredi dans l'attaque de Kassab, qui est également un poste-frontière. Ce combats ont fait 50 morts parmi les troupes du régime et des «centaines» de morts du côté rebelle, d'après cet officier.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les combats dans la région de Lattaquié ont fait plus de 100 morts du côté loyaliste et un bilan similaire côté insurgés.

«Le régime a mobilisé des milliers de soldats et de combattants de la Défense nationale (milice pro-régime) pour reprendre ces zones», a précisé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

«Mais il y aussi de nombreux jeunes partisans du régime, en majorité des alaouites, qui se sont portés volontaires  pour les combats contre les rebelles», indique-t-il.

Les alaouites sont une communauté religieuse issue du chiisme et minoritaire en Syrie face à une population à majorité sunnite. Confession du clan Assad, au pouvoir depuis plus de 40 ans, elle est dominante dans la province de Lattaquié.

Un proche du président syrien, Hilal al-Assad, chef de la Défense nationale à Lattaquié, avait été tué dimanche dans les combats à Kassab, selon l'OSDH et les médias du régime.

Outre Kassab, les rebelles sont parvenus à prendre la colline stratégique dite «Observatoire 45» et la localité de Samra, qui donne pour la première fois aux rebelles une ouverture sur la mer.

«Le régime ne s'attendait pas à cette offensive surprise dans son fief mais il ne va certainement pas laisser les rebelles garder le contrôle», indique M. Abdel Rahmane.

Les troupes du régime font face notamment aux combattants de l'influent Front Al-Nosra, branche d'al-Qaïda en Syrie, ainsi qu'à des brigades islamistes.

«La bataille est féroce» a affirmé à l'AFP sous couvert de l'anonymat un rebelle prenant part aux combats. «Il y des milliers de rebelles prêts à repousser la contre-offensive de l'armée. Nous combattrons jusqu'à la victoire ou la mort».

Dans cette bataille, visant selon les rebelles à «libérer le littoral» syrien, le régime de Damas a accusé la Turquie voisine de venir en aide aux insurgés en ouvrant le feu sur l'armée syrienne.

«Lorsque les hommes armés ont pris d'assaut Kassab, il y a eu un soutien de l'armée turque. Un char turc a été repéré en train de tirer en direction d'une position de l'armée syrienne», a indiqué l'officier syrien à l'AFP.

Dimanche, un chasseur de l'armée de l'air turque a abattu un avion militaire syrien accusé d'avoir violé son espace aérien, ravivant les tensions déjà existantes entre Ankara, qui soutient les rebelles, et Damas.

La guerre en Syrie a fait plus de 146 000 morts depuis trois ans.