L'opposition syrienne a réclamé mardi devant le sommet arabe de Koweït des armes sophistiquées, tout comme Ryad qui a accusé la communauté internationale d'avoir lâché les rebelles, dans un conflit qui dure depuis plus de trois ans.

«Je vous appelle à faire pression sur la communauté internationale afin qu'elle fournisse des armes sophistiquées aux combattants de l'opposition», a déclaré le chef de l'opposition syrienne, Ahmad Jaraba, devant le sommet.

L'opposition syrienne, divisée, n'arrive pas à remporter de victoire décisive face aux troupes du régime de Bachar al-Assad alors que le conflit est entré mi-mars dans sa quatrième année.

L'Arabie saoudite, principal soutien de l'opposition, a abondé dans le même sens, par la voix de son prince héritier, Salmane ben Abdel Aziz.

«Pour sortir de l'impasse en Syrie, il faut favoriser un changement des rapports de force sur le terrain, en apportant le soutien que mérite l'opposition, représentant légitime du peuple syrien», a-t-il déclaré.

Selon des sources de l'opposition syrienne, les États-Unis imposent jusqu'ici un veto sur la fourniture d'armes anti-aériennes et anti-chars par leurs alliés aux rebelles, de crainte qu'elles ne tombent aux mains d'extrémistes.

L'émissaire international pour la Syrie Lakdhar Brahimi a quant à lui répété la position de l'ONU, selon laquelle il n'y a pas de solution militaire au conflit, appelant à arrêter «le flot des armes en direction de toutes les parties».

Cette position de l'ONU est perçue comme un signe d'indifférence de la communauté internationale au drame syrien, ce qui a fait dire au prince héritier saoudien que l'opposition syrienne avait été trahie.

«La résistance syrienne légitime a été trahie par la communauté internationale, qui en a fait une proie facile livrée à des forces iniques», a-t-il affirmé.

«La Syrie est devenue un champ ouvert où sont menées toutes formes de tuerie et de destruction par un régime inique, avec la participation de parties étrangères et de groupes terroristes armés venus de partout», a-t-il ajouté en référence aux jihadistes radicaux.

Depuis mars 2011, le conflit en Syrie, où une révolte pacifique s'est transformée en insurrection armée face à la répression menée par le régime, a fait plus de 146 000 morts et quelque 9 millions de réfugiés et déplacés.

Ahmad Jarba n'a par ailleurs pas hésité à critiquer la décision des Arabes de ne pas accorder à l'opposition le siège de la Syrie à la Ligue arabe, resté vacant depuis la suspension du régime de Damas en 2011.

«Le fait de garder le siège de la Syrie à la Ligue arabe vacant est un message au régime d'Assad, l'encourageant à continuer à tuer les Syriens», a-t-il martelé.

Le siège de la Syrie restera vacant jusqu'à ce que l'opposition établisse un gouvernement, avait déclaré le 9 mars le secrétaire général de la Ligue, Nabil Al-Arabi.

Une nouvelle fois à Koweït, l'Irak et l'Algérie se sont opposés à l'octroi du siège de la Syrie à l'opposition alors que le Liban exprimait ses réserves.

M. Jarba n'a pas tenu compte de cette opposition, appelant aussi les Arabes à remettre les ambassades syriennes à l'opposition.

Divergences pas abordées

La récente escalade de tension entre le Qatar d'une part, l'Égypte, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn de l'autre, n'a pas été retenue au menu du sommet, qui doit s'achever mercredi.

Mais les divergences interarabes semblent avoir influencé le niveau de représentation, seuls 13 des 22 membres de la Ligue étant représentés par leurs chefs d'État.

L'Arabie saoudite, les Emirats et Bahreïn ont rappelé début mars leurs ambassadeurs de Doha pour protester contre ce qu'ils considèrent comme des ingérences du Qatar dans leurs affaires, et contre son soutien inconditionnel aux Frères musulmans, que Le Caire et Ryad considèrent comme une «organisation terroriste».

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Nabil Fahmy, a déclaré aux journalistes qu'un compromis était impossible avec le Qatar, car «les blessures sont trop profondes».

L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani a tenu de son côté des propos conciliants: «Nous soulignons les relations de fraternité qui nous lient à l'Égypte, la grande soeur, à laquelle nous souhaitons la stabilité politique et tout le bien à son peuple».

Le Qatar, a-t-il ajouté, «respecte le choix du peuple égyptien», mais souhaite que les autorités du Caire favorisent «un dialogue global», devant inclure les Frères musulmans.