L'ONG grecque Archipelagos a qualifié samedi de «crime écologique» la destruction prévue en mer d'armes chimiques syriennes, malgré les assurances données par les autorités internationales qu'aucun résidu de l'opération ne serait déversé en mer.

Dans un communiqué intitulé «Crime écologique en Méditerranée à cause d'une décision de l'ONU», l'institut de conservation marine Archipelagos estime que «le temps presse» et demande «une réponse immédiate des autorités grecques et européennes», dans la mesure où deux chargements d'agents chimiques «sont déjà en route»: «Le danger d'une nouvelle destruction de l'écosystème très sensible de la Méditerranée doit être prévenu».

Dans le cadre de la destruction programmée avant le 30 juin des armes chimiques de la Syrie, les plus dangereuses seront transférées dans le port italien de Gioia Tauro sur un navire américain, le MV Cape Ray. Deux chargements ont déjà quitté le port syrien de Lattaquié.

Le MV Cape Ray, qui a quitté le 27 janvier son port d'attache de Norfolk, à l'est des États-Unis, devait mettre deux à trois semaines pour arriver.

Le Cape Ray transportera ensuite son chargement dans les eaux internationales, pour le détruire par hydrolyse. Le Pentagone, notamment, a assuré au moment du départ du navire «qu'aucun résidu issu de l'hydrolyse ne sera relâché dans la mer ou dans l'air».

Le ministre grec des Affaires étrangères Evangelos Venizelos s'est montré rassurant également, jeudi, sur le fait que l'opération est sans danger pour la Méditerranée, disant également avoir reçu «des garanties que rien ne sera évacué en mer».

Pour Anastasia Miliou, directeur de recherche d'Archipelagos, cependant, «les Nations-Unies, sous couverture légale, méprisent les conventions internationales de protection le l'environnement maritime et de la santé, et tentent d'établir un précédent dangereux en Méditerranée.»

Archipelagos note que les Nations-Unies «sont supposément indépendantes et garantes de paix», mais que les membres de son conseil de sécurité, sont pour la plupart «ceux qui commercialisent ces armes dangereuses».

Pour l'ONG enfin, le choix du site «n'a pas été fait par hasard, les pays méditerranéens étant actuellement aux prises avec une crise économique sévère et sous le contrôle de gouvernements affaiblis».