Les négociateurs du régime syrien et de l'opposition ont discuté samedi de Homs et de possibles convois d'aide humanitaire dans cette ville, et doivent parler dimanche du problème des prisonniers, a annoncé le médiateur de l'ONU, Lakhdar Brahimi.

Au premier jour de réelles négociations entre les deux camps ennemis, le diplomate onusien a estimé qu'il s'agissait d'un «bon début», tout en reconnaissant: «nous n'avons pas obtenu beaucoup de résultats».

«Cet après-midi, nous avons commencé à parler des affaires humanitaires et nous avons discuté longuement de la situation à Homs et dans la vieille ville de Homs», a néanmoins déclaré M. Brahimi.

«Nous espérons qu'au final, des convois d'aide, avec de la nourriture et des médicaments, seront autorisés à entrer dans la vieille ville», a déclaré l'émissaire de l'ONU.

«Demain (dimanche), nous parlerons des prisonniers et des personnes kidnappées et verrons ce qui peut être fait», a-t-il ajouté.

«Beaucoup ont perdu la liberté, sont prisonniers, kidnappés, les nonnes (enlevées) à Maloula, les deux évêques, les centaines, peut-être les milliers de personnes qui ont disparu, qui ont peut-être été kidnappées», a-t-il dit faisant allusion aux disparitions de Syriens dans les zones rebelles comme dans les zones contrôlées par le régime.

Revenant sur les conditions de cette toute première journée de négociations depuis le début du conflit syrien en mars 2011, M. Brahimi a indiqué avoir «prié les deux parties d'être prudentes».

«Nous marchons à pas minuscules», a-t-il estimé.

Genève I toujours en débat

Les négociations auraient dû commencer vendredi, mais l'ONU et les Syriens ont perdu 24 heures après le refus de l'opposition de s'asseoir à la même table que le régime tant que ce dernier n'aura pas accepté ce qui constitue une ligne rouge pour l'opposition et les Occidentaux: la reconnaissance par le régime du principe d'un «organe» de transition conformément au texte adopté en 2012 lors de la conférence de Genève I.

Régime et opposition divergent sur l'interprétation de Genève I: les opposants à Bachar al-Assad réclament que celle-ci implique nécessairement un départ du président, tandis que Damas rejette ce scénario et parle d'un gouvernement d'union.

Le refus de l'opposition avait entraîné les menaces du gouvernement syrien de plier bagage.

Après d'intenses discussions avec les deux délégations, Lakhdar Brahimi avait finalement convaincu les protagonistes d'être présents samedi.

Le premier cycle de négociations est censé durer «jusqu'à la fin de la semaine prochaine».

Les chances de succès sont plus que minimes de l'avis des diplomates et des observateurs tant le fossé est grand entre opposants et partisans du régime.

Une partie de l'équation tient également à la capacité des «parrains» des deux camps, les États-Unis pour l'opposition et la Russie pour le président Bachar al-Assad, à peser et à manoeuvrer en coulisses.

Sur le terrain, l'armée syrienne a mené des raids aériens sur des zones rebelles dans les provinces de Damas et d'Alep, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Des combats ont également eu lieu à la périphérie du camp palestinien de Yarmouk, dans le sud de Damas, contrôlé en majorité par les combattants rebelles, et assiégé par l'armée syrienne.