La Russie a engagé une nouvelle série de pourparlers avec la Syrie et un autre allié du régime de Bachar al-Assad, l'Iran, à moins d'une semaine d'une conférence de paix à Genève visant à trouver une solution politique au conflit syrien.

Ces entretiens se sont déroulés à un moment où le pouvoir syrien semble gagner du terrain, les combats faisant rage entre rebelles et jihadistes, auparavant alliés dans leur lutte contre le régime.

Plus de 1000 personnes, en grande majorité des combattants, ont été tuées en Syrie en deux semaines de combats, a indiqué jeudi une ONG syrienne.

Par ailleurs, les opposants sont profondément divisés sur leur participation ou non à la conférence.

Washington a à cet égard exhorté jeudi l'opposition syrienne à prendre part à cette conférence internationale dite Genève II.

«À la veille de l'assemblée générale pendant laquelle la Coalition nationale de l'opposition syrienne doit décider si elle participe à la conférence de paix de Genève, les États-Unis (...) appellent à un vote positif», a dit le secrétaire d'État américain John Kerry devant la presse à Washington.

Dans ce contexte, les chefs de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif - qui s'était entretenu la veille avec M. Assad - et syrienne Walid Mouallem sont arrivés jeudi à Moscou à bord du même avion.

M. Zarif s'est entretenu dans la matinée avec son homologue russe Sergueï Lavrov. Les trois hommes se sont ensuite rencontrés brièvement dans l'après-midi, selon l'agence de presse Interfax.

«Pas de projet tripartite»

«Cela ne veut pas dire que nous avons un projet tripartite», a déclaré M. Lavrov au cours d'une conférence de presse avec M. Zarif.

Reçu par la suite par le président Vladimir Poutine, M. Zarif a salué le rôle de la Russie dans les négociations sur la Syrie et les «succès» de sa diplomatie.

Les pourparlers à Moscou interviennent à moins d'une semaine de Genève II, conférence qui vise à réunir des représentants du pouvoir syrien et de l'opposition pour tenter de trouver un règlement politique du conflit qui a fait plus de 130 000 morts, selon une ONG syrienne.

Principal allié du régime syrien auquel elle vend des armes, la Russie souhaite la présence de l'Iran à cette conférence prévue pour le 22 janvier à Montreux, en Suisse, alors que Washington est hostile à la participation de la République islamique, qui soutient également Damas.

«Nous sommes persuadés que l'Iran doit être invité à la conférence» de Genève, a répété jeudi M. Lavrov.

Le ministère russe des Affaires étrangères a cependant souligné que la conférence devait «se fonder sur les dispositions du communiqué de Genève adopté le 30 juin 2012», qui prévoit la formation d'un gouvernement de transition en Syrie, un document rejeté jusqu'ici par l'Iran.

Téhéran refuse d'accepter le communiqué de Genève, car un gouvernement provisoire doté des pleins pouvoirs, qui associerait des rebelles et des représentants du régime, pourrait écarter le président Bachar al-Assad.

Mais pour les États-Unis, qui soutiennent l'opposition syrienne, l'Iran doit absolument accepter la transition politique en Syrie, s'il veut participer à Genève II.

À Damas, le ministre syrien de la Réconciliation nationale, Ali Haidar, a déclaré jeudi que cette conférence ne permettrait pas de résoudre la crise syrienne.

Le dossier nucléaire iranien et la coopération militaire entre la Russie et l'Iran devaient également figurer au menu des pourparlers de M. Zarif à Moscou.

«Je suis très heureux de voir que grâce à vos efforts (...), nous avons pu avancer pour trouver une solution à l'un des problèmes internationaux les plus importants, le problème du nucléaire iranien», a déclaré M. Poutine au cours de sa rencontre avec M. Zarif.

Selon le quotidien Kommersant, citant jeudi une source gouvernementale russe, Moscou et Téhéran pourraient conclure un accord permettant à la Russie de devenir un gros importateur du pétrole iranien, en dépit des objections des États-Unis.

M. Zarif a toutefois indiqué dans une interview à la télévision russe que ce thème ne serait pas abordé pendant sa visite.

Washington craint qu'un tel accord n'ait des conséquences négatives sur l'application de l'accord nucléaire de Genève conclu en novembre entre l'Iran et les grandes puissances, qui vise à geler pour six mois les activités nucléaires sensibles de Téhéran en échange d'une levée partielle des sanctions occidentales.

Concernant la coopération militaire, M. Zarif a indiqué à Interfax que l'Iran ne souhaitait pas acquérir le système de défense antiaérien russe Anteï-2500.

La Russie a annulé en 2010 un contrat avec Téhéran sur la livraison de missiles S-300, capables d'intercepter en vol des avions ou des missiles, d'un montant de 800 millions de dollars, en application des sanctions de l'ONU infligées à l'Iran en raison de son programme nucléaire controversé.