L'armée syrienne, profitant des combats entre jihadistes et rebelles, s'est emparée lundi de plusieurs localités à l'est de la ville d'Alep, qui pourrait la conduire à un siège de la ville, selon une ONG syrienne et un porte-parole militaire.

Parallèlement, les jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL, lié à Al-Qaïda) ont pris le contrôle d'Al-Bab, au nord-est d'Alep, et ont exécuté 60 combattants ou prisonniers dans d'autres régions, a rapporté également l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Dans un communiqué publié lundi soir, l'armée affirme que «ses forces valeureuses en coopération avec les Forces de défense nationale (supplétifs) ont pu, à la suite d'une série d'opérations militaires réussies, contrôler complétement les régions de Naqarine, Zarzour, Taané, Sobayhiyé et la colline 53 sur le flanc est d'Alep et ont tué un grand nombre de terroristes»

«Ce nouvel accomplissement de nos forces renforce la sécurité de la zone autour de l'aéroport international d'Alep, assure le contrôle sur la zone industrielle (au nord-est) et sur les routes menant reliant la région d'Al-Bab à la ville d'Alep et contribue à resserrer l'étau sur les groupes terroristes présents à proximité de la ville», a ajouté l'armée.

Le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane, a confirmé une avancée: «L'armée, prenant avantage des combats des rebelles contre l'EIIL, a réussi à contrôler la région de Naqarine et les collines stratégiques environnantes».

«Si cette avancée se poursuit et si les combats entre rebelles et jihadistes se poursuivent, il est possible que la ville d'Alep soit menacée d'un siège et d'une coupure d'approvisionnement des quartiers rebelles du côté est de la ville», a-t-il ajouté.

Des rebelles en majorité islamistes ont lancé il y a dix jours une vaste offensive contre l'EIIL, accusé d'exactions et de velléités hégémoniques, et ces combats ont fait près de 700 morts, selon OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales et militaires.

«L'EIIL a pris lundi le contrôle de la ville d'Al-Bab, au nord-est d'Alep, et a emprisonné des dizaines de civils et de combattants», a déclaré M. Abdel Rahmane.

«Les jihadistes ont appelé, via les hauts-parleurs fixés sur les minarets, les habitants à remettre leurs armes car l'EIIL est venu pour appliquer la loi islamique», a-t-il ajouté.

Cette localité, dont le régime de Bachar al-Assad a perdu le contrôle depuis plus d'un an, a été la cible ce week-end de violents bombardements aériens menés par les troupes gouvernementales, qui ont fait 50 morts, d'après l'OSDH.

Toujours dans la province d'Alep, les rebelles ont en revanche avancé dans Jaraboulous, près de la frontière turque, selon la même source.

Dans cette localité, les combattants de l'EIIL ont perdu le contrôle de la prison, ce qui a permis aux rebelles de libérer au moins 60 personnes qui avaient été détenues par le groupe.

En revanche, plus à l'est, l'EIIL a exécuté dimanche soir 46 rebelles islamistes d'Ahrar al-Cham, tombés dans un piège à Kantari, à 80 km au nord de Raqa. Ces combattants fuyaient en direction de Hasaka quand ils ont été abattus, selon l'OSDH.

L'EIIL a également exécuté lundi 14 prisonniers dans une région désertique à 120 km de Homs, selon la même source.

De nouveaux combats entre l'EIIL et des forces de la rébellion ont également eu lieu dans la province d'Idleb (nord-ouest), ainsi qu'à Raqa, un bastion de l'EIIL où le groupe a en grande partie repoussé ses adversaires.

La branche de l'EIIL à Raqa avait affirmé dimanche que les attaques des rebelles à son encontre visaient à satisfaire les pays occidentaux, avant la conférence de paix sur la Syrie dite Genève II qui doit s'ouvrir le 22 janvier en Suisse.