Le régime syrien, fort de ses succès militaires face aux rebelles, a affirmé mercredi qu'il revenait au président Bachar al-Assad de mener la période de transition en cas d'accord à Genève malgré les appels de l'opposition et de l'Occident à son départ.

Sur le terrain, où les violences meurtrières ne connaissent aucun répit depuis près de 33 mois, 18 personnes ont été tuées par des tirs de roquettes sur des quartiers pro-régime à Alep, dans le nord du pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Afin de tenter de mettre fin à la guerre dévastatrice qui a fait plus de 126 000 morts selon l'OSDH, l'ONU a fixé au 22 janvier la tenue d'une conférence internationale à Genève où devront s'asseoir pour la première fois à la même table de négociation le gouvernement syrien et l'opposition.

«Si quelqu'un pense que nous allons à Genève-2 pour remettre les clés de Damas (à l'opposition), mieux vaut qu'il n'y aille pas», a indiqué le ministre de l'Information Omrane al-Zohbi, cité par l'agence officielle Sana.

«La décision revient au président Assad, il va mener la période de transition, si on y arrive. Il est le leader de la Syrie (...) et il restera le président de la Syrie», a-t-il ajouté.

À la réunion de Genève-1, en juin 2012, les participants s'étaient mis d'accord sur la formation d'un gouvernement de transition tout en passant sous silence le sort de M. Assad.

Téhéran et Riyad à Genève ?

Le ministre a en outre critiqué l'Arabie saoudite, un des principaux soutiens de la rébellion, estimant que ce pays devrait être exclu de Genève-2.

«Nous allons à Genève pour parler avec les Syriens et non avec les Saoudiens», a-t-il dit, accusant des mouvements de l'opposition d'être liés à des services de renseignements étrangers.

Lundi, l'émissaire international Lakhdar Brahimi a renouvelé son souhait que l'Iran, un allié du régime, et l'Arabie saoudite participent à cette conférence, initiée par Moscou et Washington.

L'opposition syrienne refuse, elle, la participation de l'Iran et refuse avec les rebelles la présence de M. Assad dans toute transition.

Le conflit en Syrie a été déclenché par un mouvement de contestation qui a été réprimé dans le sang par le régime avant de se transformer en rébellion armée.

Les combats continuent de faire rage à travers le pays, les rebelles étant aidés par des djihadistes et les forces du régime par les combattants du Hezbollah libanais et des miliciens chiites syriens et étrangers.

Des religieuses «boucliers humains»?

À Alep, 18 personnes ont été tuées dont cinq militaires dans la chute de roquettes sur les secteurs pro-régime du Méridien et d'al-Farqane, selon l'OSDH. Les médias officiels syriens ont accusé des «terroristes», terme utilisé par le régime pour désigner les rebelles.

Par ailleurs, le quotidien syrien proche du pouvoir, Al-Watan, a accusé les rebelles de vouloir utiliser les religieuses «enlevées» lundi dans leur couvent de Maaloula, au nord de Damas, comme «boucliers humains».

D'après le nonce apostolique en Syrie, Mgr Mario Zenari, les soeurs ont été forcées par un groupe armé de quitter le monastère pour Yabroud, une ville rebelle proche. Le représentant du Vatican n'était pas en mesure de dire si elles avaient été enlevées.

Les religieuses «sont installées dans une maison de Yabroud et personne ne les ennuie», a indiqué la mère supérieure du Couvent de Saydnaya, Fibronia Nabhane, qui a pu parler lundi soir au téléphone à la mère supérieure de Maaloula, Pelagia Sayyaf. Yabroud est une localité de la région de Qalamoun, au nord de Damas.

Dans un communiqué commun, la Coalition de l'opposition et le commandement de l'Armée syrienne libre (ASL) ont «démenti toute implication des unités de l'ASL dans ce qui s'est passé pour les religieuses de Maaloula et disent agir pour pouvoir les ramener dans un lieu sûr loin des tirs des milices du régime».

Au Vatican, le pape François a lancé un appel pour ces douze soeurs orthodoxes et «pour toutes les personnes enlevées en raison du conflit».

Yabroud est le prochain objectif du régime qui mène une offensive pour s'emparer de la région stratégique de Qalamoun, à la lisière avec le Liban.

18 personnes tuées à Alep

Dix-huit personnes, dont cinq membres des forces de l'ordre syriennes, ont été tuées mercredi par des tirs de roquettes sur des quartiers pro-régime à Alep, dans le nord de la Syrie, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

«Dix-huit personnes, dont cinq membres des forces de l'ordre, ont été tuées par des roquettes tirées sur les quartiers du Méridien et d'al-Fraqane, sous contrôle du régime dans la ville d'Alep», a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane, ajoutant que 30 autres personnes ont été blessées.