La coalition de l'opposition syrienne a affirmé mardi, dans sa première réaction à l'annonce de la tenue de la conférence de Genève-2 le 22 janvier, que le président Bachar al-Assad ne devait jouer aucun rôle dans la phase transitoire.

Pour sa part, le général Selim Idriss, chef de l'état-major de l'Armée syrienne libre (ASL), liée à la coalition, a affirmé être prêt à se rendre à Genève si les conditions qu'il pose sont remplies, en premier lieu la mise à l'écart de M. Assad.

«La coalition affirme son refus total de la participation de Bachar al-Assad et de tous les criminels responsables du meurtre du peuple syrien dans l'instance de pouvoir durant la période transitoire et exige qu'ils n'aient aucun rôle dans l'avenir politique de la Syrie», a dit l'opposition dans un communiqué.

Bien que cette initiative ait été rejetée par les djihadistes et les rebelles islamistes, largement majoritaires sur le terrain, la Coalition a jugé «très positive» l'annonce d'une date pour cette réunion, maintes fois reportée.

Elle estime que dans le cadre de la préparation de cette conférence, la communauté internationale «doit faire en sorte que des aides humanitaires soient distribuées dans tout le pays et que les prisonniers soient libérés». Elle demande aussi «l'arrêt immédiat des massacres».

La Coalition estime que Genève-2 doit «mettre en application toutes les dispositions avancées à Genève-1» qui s'était tenue en juin 2012. Lors de cette réunion, les participants s'étaient mis d'accord sur la formation d'un gouvernement transitoire tout en passant sous silence le sort de M. Assad.

«Si nous recevons des propositions qui aboutissent à la réalisation des demandes des révolutionnaires sur le terrain, nous participerons», a dit pour sa part le général Idriss à la chaîne al-Jazeera.

Reconnaissant que personne n'avait consulté l'ASL, «ni sur la date, ni sur les délégations censées participer à la conférence», il a déclaré : «nous n'y participerons pas sans garantie concernant nos demandes répétées, dont la principale est le départ du pouvoir du bourreau de la Syrie et du criminel de Damas et qu'il n'y ait aucun rôle pour lui, ni pour la bande de meurtriers qui l'entoure, dans n'importe quel cas de figure en Syrie».

«Nous n'allons pas arrêter de combattre ni avant ni après la conférence», a ajouté le chef de l'ASL, qui est en perte de vitesse sur le terrain. Il a aussi jugé que l'annonce de la conférence venait trop tôt, «les conditions n'étant pas réunies pour sa tenue».

Des opposants de l'intérieur ont par ailleurs annoncé mardi à Damas être disposés à former une délégation unique avec la Coalition syrienne à la conférence de Genève.

«Il y a des personnes au sein de la Coalition qui souhaitent, comme nous, une solution politique. Nous proposons de former avec ces personnes une délégation unique», a affirmé Hassan Abdel Azim, chef du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND, opposition tolérée par le régime syrien), lors d'une conférence de presse.

«Nous sommes prêts à coordonner (notre action) avec les opposants de la Coalition qui souhaitent une solution politique, et à établir avec eux une vision commune et un mécanisme pour la négociation», a ajouté M. Abdel Azim.

De son côté, le régime syrien a réagi à l'annonce de M. Ban, via une lettre adressée à l'ONU par son ministère des Affaires étrangères.

«La lutte contre le terrorisme visant les citoyens syriens est un point crucial pour la réussite de toute solution pacifique à la crise en Syrie, et pour donner au processus politique une crédibilité aux yeux du peuple syrien», a-t-il affirmé dans cette missive, citée par le quotidien al-Watan, proche du pouvoir.

Dans la phraséologie du régime, le mot «terroriste» désigne les rebelles dans leur ensemble.

Genève-2 a été initiée par la Russie et les États-Unis afin d'amener régime et rebelles à la même table de négociations, après plus de deux ans et demi de violences ayant fait quelque 120 000 morts, selon une ONG syrienne.

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a indiqué que Genève-2 allait se tenir entre les représentants du régime, sans le président Assad, et l'opposition modérée, et visait à aboutir à «un gouvernement de transition doté de tous les pouvoirs».

Le chef de l'opposition veut le siège syrien à la Ligue arabe

Le chef de l'opposition syrienne a indiqué mardi avoir réclamé le siège de son pays à la Ligue arabe lors d'entretiens avec le secrétaire général de l'institution.

Lors d'une conférence de presse conjointe avec Nabil al-Arabi, le patron de la Ligue, Ahmad Jarba, a affirmé que le «gouvernement provisoire» formé par l'opposition prononcerait un discours officiel au siège de la Ligue arabe sous quelques jours.

La formation de ce gouvernement était une des conditions posées par l'institution à l'opposition, à laquelle elle avait attribué le siège de la Syrie, après avoir suspendu le pays de ses travaux en mesure de rétorsion face à la répression menée par le régime de Bachar al-Assad d'une révolte populaire devenue conflit armé.