La conférence de paix sur la Syrie, plusieurs fois reportée, doit débuter le 12 décembre à Genève, a affirmé jeudi un quotidien syrien proche du pouvoir, au moment où des obus ont touché le coeur historique de Damas, faisant trois morts.

Dans la perspective de cette conférence censée trouver une issue à plus de deux ans et demi d'une guerre civile sanglante, le président russe Vladimir Poutine, principal soutien du pouvoir à Damas, s'est entretenu par téléphone avec son homologue syrien Bachar al-Assad.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, en visite au Caire, a d'ailleurs plaidé pour «la tenue le plus rapidement possible d'une conférence internationale afin d'ouvrir le dialogue politique».

Mais sur le terrain, les troupes du régime de M. Assad, qui veut arriver en position de force à Genève, tentaient toujours de déloger les rebelles des alentours de Damas à coups de raids aériens.

De leur côté, les Kurdes continuaient de repousser djihadistes et rebelles des territoires qu'ils entendent administrer dans le nord. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), ils ont pris 18 hameaux ces dernières 48 heures dans la province de Hassaka (nord-est) après des combats avec des djihadistes.

Citant une source diplomatique à Paris, al-Watan, quotidien syrien proche du pouvoir, affirme que le secrétaire d'État américain John Kerry a informé son homologue français Laurent Fabius que l'ONU annoncerait le 25 novembre que la conférence débutera à Genève le 12 décembre.

L'opposition a souligné de son côté que la date officielle de cette conférence voulue par Moscou, Washington et l'ONU n'avait pas été fixée.

«Les parrains de Genève-2 souhaitent que la conférence se tienne avant la fin de l'année. Des dates sont avancées autour de la mi-décembre. Ce ne sont pas des dates officielles. Il s'agit plutôt de suggestions», a déclaré à l'AFP Mounzer Aqbiq, un conseiller du président de la Coalition de l'opposition Ahmad Jarba.

Si régime et opposition ont donné leur accord de principe pour participer à cette réunion, chacun pose des conditions que l'adversaire juge rédhibitoires.

L'opposition syrienne a annoncé lundi son accord pour participer à des négociations de paix à condition que le président syrien Bachar al-Assad remette ses pouvoirs et soit exclu de toute transition.

Mais pour le ministre syrien de l'Information Omrane al-Zoghbi, l'opposition syrienne se fait des «illusions».

«Ceux qui rêvent qu'ils vont à Genève pour (qu'on) leur remette les clés de Damas sont des gens stupides, sans poids politique, qui ne comprennent rien à la politique et qui se font des illusions», a-t-il indiqué, selon des propos cités par l'agence officielle Sana.

Soutien du Hezbollah

Un premier texte adopté en juin 2012 à Genève par les pays occidentaux, qui soutiennent l'opposition, et la Russie, allié indéfectible du régime, ne mentionne pas explicitement le sort du président Assad dans le cadre de la transition.

La conférence dite de Genève-2 est censée rassembler régime et opposition à la même table de négociation pour mettre fin au conflit qui a fait plus de 120 000 morts selon l'OSDH.

Pour préparer cette conférence, M. Jarba pourrait se rendre samedi à Moscou, a affirmé un quotidien libanais. Interrogé par l'AFP, M. Aqbiq a refusé de commenter l'information.

Le régime syrien est assuré du soutien indéfectible du puissant mouvement chiite libanais Hezbollah, qui a envoyé des combattants en Syrie.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé jeudi que son parti armé poursuivrait son combat contre les rebelles aux côtés des troupes de Bachar al-Assad.

À Damas, il ne passe quasiment plus un jour sans que la capitale ne soit visée par des obus ou des bombes.

Jeudi, c'est le coeur historique qui a été visé : trois personnes ont été tuées et 22 blessées près de la célèbre mosquée des Omeyyades, selon l'agence Sana qui a imputé les attaques aux rebelles.

D'après l'OSDH, ils ont été tués par un obus qui s'est abattu sur un quartier chiite.