Le chef d'Al-Qaïda a ordonné la dissolution d'une des principales factions du réseau en Syrie demandant à ses combattants de se placer sous l'autorité du Front Al-Nosra, pour ainsi unifier ses troupes dans ce pays déchiré par un conflit sanglant.

«L'État islamique en Irak et en Syrie (EIIL) va être supprimé», a affirmé Ayman al-Zawahiri dans un enregistrement diffusé vendredi par Al-Jazeera, dans lequel il martèle que le Front Al-Nosra est la «branche» d'Al-Qaïda en Syrie.

Cet enregistrement confirme des directives données dans une lettre citée le 11 juin par la chaîne satellitaire qatarie et présentée comme écrite par M. Zawahiri aux dirigeants des factions en Syrie et en Irak.

Cette missive est restée lettre morte sur le terrain, les jihadistes continuant de combattre séparément sous les bannières de l'EIIL et du Front Al-Nosra.

Ayman al-Zawahiri a indiqué que le chef d'Al-Qaïda en Irak, Abou Bakr al-Baghdadi, avait «fait une erreur en établissant l'EIIL sans nous demander la permission ou même nous en avoir informés».

Affirmant que le réseau extrémiste est présent en Irak sous la bannière de l'État islamique en Irak (ISI), le chef d'Al-Qaïda a appelé l'ISI et Al-Nosra à s'aider quand cela est nécessaire et possible.

Et alors que l'EIIL a été accusé par l'opposition d'avoir commis des abus contre les rebelles et civils syriens, notamment des enlèvements et des exécutions publiques dans des secteurs sous son contrôle, M. Zawahiri a réprimandé les islamistes des deux bords pour avoir mené des attaques non autorisées contre d'autres musulmans.

Le Front Al-Nosra, créé en janvier 2012 et classé comme organisation terroriste par les États-Unis, a revendiqué de nombreux attentats suicide en Syrie et mené des attaques parmi les plus violentes depuis le début du conflit.

L'EIIL lutte à la fois contre le régime syrien, les autres rebelles et les Kurdes afin d'instaurer son pouvoir sur tout le nord et l'est de la Syrie et assurer la liaison avec l'Irak, où se trouve une réserve de combattants aguerris.

Avancée de l'armée près d'Alep

Sur le terrain, les insurgés, dont des groupes affiliés à l'EIIL, ont perdu plusieurs secteurs de la «Base 80», chargée de la sécurité de l'aéroport international d'Alep (nord), après des combats contre l'armée, a affirmé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Cette base avait été conquise en février par les combattants hostiles au régime de Bachar al-Assad, dans le cadre de «la bataille des aéroports» lancée par les insurgés dans la région d'Alep.

L'OSDH, qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales et militaires, a également rapporté que des combats entre armée et rebelles se déroulaient autour d'un énorme dépôt d'armes de l'armée près de Mahin (centre).

Des insurgés, dont des combattants de l'EIIL, se sont emparés en début de semaine d'une partie de cet arsenal, a indiqué l'OSDH précisant que les deux camps acheminaient des renforts dans ce secteur.

Par ailleurs, l'Organisation mondiale de la santé, qui a confirmé fin octobre dix cas de poliomyélite touchant des enfants dans le nord-est de la Syrie, et l'Unicef ont annoncé qu'une campagne massive de vaccination était en cours dans le pays et dans six autres du Proche-Orient, visant à terme à protéger 20 millions d'enfants.

Enfin, sur le plan diplomatique, la Russie a jugé vendredi «sans fondement» le «scepticisme» exprimé par les États-Unis sur le désarmement de l'arsenal chimique syrien.

L'ambassadeur des États-Unis à l'ONU, Samantha Power, avait évoqué en début de semaine «des années de mensonges» avec le régime de Damas et «beaucoup de promesses non tenues».

La Syrie a transmis à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) un document de 700 pages dans lequel elle s'engage à la destruction intégrale du stock de 1000 tonnes d'agents chimiques et de 290 tonnes d'armes chimiques du pays.

Fin octobre, l'OIAC a annoncé que toutes les armes chimiques de la Syrie ont été placées sous scellés et les sites de production déclarés inutilisables.