Plusieurs dizaines de factions rebelles du sud de la Syrie ont annoncé, dans une vidéo mise en ligne mercredi, leur dissociation du principal groupe d'opposition en exil, portant un nouveau coup aux puissances occidentales qui tentent d'unifier les forces combattant le régime du président syrien Bachar el-Assad.

Le Conseil national syrien (CNS), le bras politique de l'Armée syrienne libre (ASL) en exil en Turquie, tente depuis longtemps, en vain, de gagner le respect et la reconnaissance des combattants. Nombreux sont les rebelles qui perçoivent l'organisation comme un groupe inefficace dans sa capacité à leur fournir de l'aide et des armes.

Dans la vidéo, un rebelle vêtu d'un costume militaire lit un communiqué, entouré d'une vingtaine de combattants dont certains brandissent des bannières avec des emblèmes de l'ASL. Il y déclare que les leaders de l'opposition syrienne ont échoué à représenter ceux qui tentent de renverser le gouvernement Assad.

Le soldat y énumère quelque 66 groupes rebelles ayant eux aussi choisi de quitter le CNS. Il a toutefois été impossible de vérifier, mercredi, si tel était le cas.

Le mois dernier, près d'une dizaine de factions plus puissantes avaient elles aussi annoncé leur départ du CNS, réclamant l'instauration de la loi islamique à travers le pays et cristallisant la rivalité opposant les différents groupes de rebelles. Des centaines de groupes - dotés d'une autonomie locale considérable - combattent les forces gouvernementales en Syrie, et les changements d'alliance sont fréquents sur le terrain.

Or, selon Charles Lister, spécialiste du terrorisme du centre d'études américain IHS, les groupes rebelles ayant déclaré mercredi couper les ponts avec le CNS semblent avoir une influence moindre que ceux qui en avaient fait tout autant en septembre.

Il reste que ce nouveau coup dur porté au CNS survient à l'heure où l'organisation tente de déterminer si elle participera ou non aux négociations sur la possible transition politique, qui réuniraient également des représentants du gouvernement syrien.

L'opposition syrienne est particulièrement frustrée de la réponse de la communauté internationale à l'attaque à l'arme chimique du 21 août, alors que le régime Assad est, selon eux, traité d'égal à égal avec le processus en cours de destruction de l'arsenal chimique du pays.

Par ailleurs, l'agence internationale supervisant cette destruction a fait savoir mercredi que les enquêteurs internationaux avaient visité onze sites associés au programme syrien d'armes chimiques et détruit des équipements de grande importance à six d'entre eux.

Les enquêteurs ont aussi assisté à la destruction d'obus chimiques vides, a ajouté l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).

Une mission conjointe de l'ONU et l'OIAC vise à anéantir l'arsenal chimique syrien d'ici la mi-2014. La Syrie posséderait environ 1000 tonnes d'agents vésicants et de gaz neuroplégiques, et les inspecteurs doivent visiter plus d'une vingtaine d'endroits, a précisé l'OIAC.

L'équipe examine les installations syriennes depuis le début du mois d'octobre. Seulement deux emplacements avaient été visités à la fin de la semaine dernière.

Les inspecteurs visent à compléter une première visite de tous les lieux d'ici la fin octobre. L'élimination des produits chimiques devrait débuter après le 1er novembre.

Au moins un des endroits devant encore être visités se trouve dans une région contrôlée par l'insurrection, tandis que les routes menant à d'autres emplacements sont rapprochées des zones de combats.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a fait savoir mercredi que la mission sera supervisée par Sigrid Kaag, une experte néerlandaise du Moyen-Orient.