Le chef de l'Armée syrienne libre (ASL - rebelles), le général Sélim Idriss, a rejeté samedi l'accord russo-américain sur un démantèlement de l'arsenal chimique du régime syrien.

«Nous ne pouvons pas accepter cette initiative» russo-américaine, a déclaré le général Idriss à la presse à Istanbul.

«Nous, l'Armée syrienne libre, ne sommes pas concernés par cet accord. Nous n'avons pas d'armes chimiques et moi et mes frères, nous allons continuer à nous battre jusqu'à la chute du régime», a-t-il affirmé.

La Russie et les États-Unis ont conclu samedi un accord à Genève qui donne une semaine à Damas pour présenter une liste de ses armes chimiques en vue de leur démantèlement d'ici mi-2014 et qui prévoit l'adoption d'une résolution de l'ONU autorisant le recours à la force si le régime syrien ne respecte pas ses engagements.

Le général Idriss a demandé de traduire, avant le démantèlement de l'arsenal chimique syrien, le président syrien Bachar al-Assad devant la Cour pénale internationale (CPI) et a reproché aux Russes et aux Américains de ne s'être pas intéressés aux «autres armes qui tuent les Syriens».

«Nous ne pouvons pas accepter cette initiative parce qu'elle néglige notre peuple et ne fait aucune mention du criminel», a-t-il ajouté, en référence au président Assad.

«Le régime, en acceptant de rendre ses armes chimiques, a reconnu le crime et on a saisi l'outil du crime en laissant tranquille le criminel», a poursuivi le général Idriss. «Comment voulez-vous qu'on accepte cela?»

Il a affirmé avoir des informations indiquant que le régime syrien avait commencé à transférer ses armes chimiques au Liban et en Irak, en soulignant «craindre de le voir duper la communauté internationale».

Concernant une trêve pour faciliter une éventuelle mission d'inspecteurs internationaux en armements, le général Idriss a assuré que l'ALS «n'est intéressée par aucun cessez-le-feu avec le régime».

Le chef militaire des rebelles n'a pas caché sa frustration devant la direction prise par la communauté internationale sur le dossier syrien. «Nous sommes déçus et frustrés et nous allons compter sur nos propres forces après avoir perdu espoir d'une aide de la communauté internationale», a-t-il déclaré.

«Nous n'avons pas reçu le soutien dont nous avons besoin et que nous méritons en tant que peuple qui demande la démocratie, le respect des droits de l'Homme et la liberté», a renchéri l'un des porte-parole de la Coalition, Louay Safi, à Istanbul.

«Bien sûr, cela nous fait mal de voir un pays qui a été créé sur les valeurs de liberté et de démocratie placer d'autres principes au-dessus de la dignité du peuple syrien», a poursuivi M. Safi devant la presse, en faisant référence aux États-Unis.

«Nous n'avons pas l'impression d'avoir été abandonnés, mais je qualifierai ce qui se passe en disant que nous ne sommes pas soutenus d'une façon qui permet d'alléger l'oppression (...) du peuple syrien», a-t-il insisté.

La Coalition nationale de l'opposition syrienne était réunie à Istanbul pour se choisir un nouveau Premier ministre intérimaire, après la démission en juillet de Ghassan Hitto.

C'est Ahmad Toameh, un islamiste modéré originaire de Deir Ezzor (est de la Syrie) et adversaire de longue date du régime de Bachar al-Assad, qui a été désigné, a annoncé la coalition samedi soir.

Obama se réjouit et attend qu'Assad obtempère

L'accord russo-américain sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien constitue «un progrès», a déclaré samedi le président Barack Obama, espérant que le président syrien Bachar al-Assad «serait à la hauteur de ses engagements».

«J'accueille comme un progrès l'accord passé entre les États-Unis et la Russie» à Genève, qui représente une «étape importante», a indiqué M. Obama dans un communiqué, précisant que les États-Unis «restent prêts à agir en cas d'échec de la diplomatie».

Après trois jours de pourparlers, les ministres russe et américain des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov et John Kerry, se sont entendus sur un accord qui donne une semaine à Damas pour présenter une liste de ses armes chimiques en vue de leur enlèvement d'ici la mi-2014. Cet accord prévoit une résolution à l'ONU qui autoriserait le recours à la force pour le cas où le régime syrien manquerait à ses engagements.

«Ce cadre de travail offre la possibilité de détruire les armes chimiques syriennes à travers un processus transparent, rapide et contrôlable qui devrait mettre fin à la menace que ces armes font peser non seulement sur les Syriens, mais dans toute la région et le monde», a affirmé le président américain, précisant que la communauté internationale espérait que le régime de Bachar al-Assad «soit à la hauteur de ses engagements».

Les États-Unis vont continuer à travailler avec la Russie, le Royaume-Uni, la France et les Nations unies  a ajouté Barack Obama, pour s'assurer que «ce processus reste sous contrôle et qu'il y ait des conséquences au cas où le régime d'Assad ne se conforme pas à l'accord passé aujourd'hui».

Washington n'a plus de «prétexte» pour frapper la Syrie, estime l'Iran

L'Iran, un allié du régime syrien de Bachar al-Assad, a estimé samedi que les États-Unis n'avaient «plus de prétexte» pour frapper la Syrie après l'accord conclu à Genève sur un démantèlement des armes chimiques syriennes.

Dans la première réaction de l'Iran à cet accord conclu par Washington et Moscou, le vice-ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a estimé qu'«avec la nouvelle situation, tout prétexte pour les États-Unis et certains pays pour mener une action militaire contre la Syrie a été de fait enlevé».

Selon lui, «on peut même parler d'un succès remporté par le front de la résistance (face à Israël) après que les États-Unis ont privilégié la solution diplomatique. Ce «front» est formé de l'Iran, la Syrie, du Hezbollah libanais et du Hamas palestinien.

Américains et Russes ont conclu samedi à Genève un accord sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien d'ici mi-2014, avec la possibilité de mesures contraignantes.

Le président américain Barack Obama s'est réjoui de l'accord conclu par son chef de la diplomatie John Kerry, mais a souligné que les «États-Unis restaient prêts à agir, en cas d'échec de la diplomatie».

Plus tôt dans la journée, le général Ghassem Soleimani, chef de l'armée al-Qods des Gardiens de la révolution, a déclaré que le soutien à la Syrie et au «front de la résistance» était dans «l'intérêt national de l'Iran», soulignant que la «résistance était redevable à la Syrie».

La semaine dernière, le général Soleimani avait déclaré que l'Iran soutiendrait «jusqu'au bout» le régime du président Bachar al-Assad confronté depuis plus de deux ans à une rébellion qui veut sa chute.

L'Union européenne offre son aide pour les inspections en Syrie

La chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, a salué samedi l'accord russo-américain sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien et a offert l'aide de l'UE pour mener les inspections.

«Je me réjouis de l'accord intervenu aujourd'hui entre les États-Unis et la Fédération de Russie pour assurer la destruction rapide et sécurisée des armes chimiques syriennes», a indiqué Mme Ashton dans un communiqué. Elle a ajouté que l'UE était prête à envoyer des experts pour «aider à la sécurisation des sites et à démanteler et détruire certains des agents chimiques».

Après trois jours de pourparlers, les ministres russe et américain des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov et John Kerry, se sont entendus sur un accord qui donne une semaine à Damas pour présenter une liste de ses armes chimiques en vue de leur enlèvement d'ici la mi-2014.

Cet accord prévoit une résolution à l'ONU qui autoriserait le recours à la force pour le cas où le régime syrien manquerait à ses engagements.

«Je demande au Conseil de sécurité de l'ONU d'assumer ses responsabilités en acceptant rapidement une résolution qui donnera davantage de pouvoirs à l'ensemble du processus», a indiqué Mme Ashton.

Elle a demandé à Damas de permettre des inspections «sans entrave», «sur tous les sites» se trouvant sur son territoire.

«J'espère que l'accord conclu aujourd'hui ouvre la voie à la reprise des efforts pour trouver une solution politique au conflit syrien», a ajouté la chef de la diplomatie européenne.

Elle a également appelé la communauté internationale à soutenir la tenue d'une conférence de paix «pour mettre fin aux souffrances du peuple syrien».