La tension monte d'un cran entre la Russie et les États-Unis sur la question syrienne. Le président russe Vladimir Poutine a menacé hier de déployer un bouclier antimissile au-dessus de la Syrie si les États-Unis décidaient de frapper le régime de Bachar al-Assad, tandis que Washington accusait Moscou de «prendre en otage» le Conseil de sécurité de l'ONU.

La première journée du sommet du G20 qui s'est ouvert hier à Saint-Pétersbourg, en Russie, s'est donc déroulée dans un climat de haute tension. Le président Poutine a chamboulé le programme de cette rencontre traditionnellement économique pour imposer la question syrienne comme sujet de discussion lors du dîner d'hier soir.

«La division se manifeste de plus en plus entre les Russes et les Américains, et il y a un risque que cela fasse déraper le sommet. La Syrie a pris l'avant-scène et éclipsé les questions économiques, ce qui est la chose la plus significative à s'être produite aujourd'hui», analyse Houchang Hassan-Yari, professeur au département de sciences politiques et d'économie au Collège militaire royal du Canada.

Selon lui, il est difficile de dire si Vladimir Poutine bluffe en affirmant vouloir déployer un système antimissile dans le ciel syrien.

«Ça conduirait à une sorte de rencontre des forces russes et américaines dans l'espace aérien de la Syrie», dit M. Hassan-Yari, qui n'y verrait rien de très réjouissant.

La Russie déploie des navires

L'AFP a rapporté hier de source militaire que trois navires de guerre russes ont déjà franchi le détroit de Bosphore pour se rendre près de la Syrie. Les Américains ont aussi déjà déployé leurs navires dans la région.

Washington a tenu des mots durs hier envers Moscou, l'accusant d'avoir «pris en otage» le Conseil de sécurité de l'ONU en utilisant son droit de veto pour bloquer toute intervention en Syrie et se soustraire à ses obligations internationales.

«Il n'y a rien dans nos relations avec nos collègues russes qui puisse nous inciter à l'optimisme», a lancé l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Samantha Power.

Tout en cherchant des appuis internationaux à Saint-Pétersbourg, le président Obama a multiplié les coups de fil aux États-Unis, hier, pour obtenir le soutien des élus américains qui doivent voter sur l'intervention syrienne. Selon les analystes, la partie est loin d'être gagnée, au point où Obama a annulé un déplacement prévu lundi prochain pour se consacrer à préparer ce vote.

La Chine s'est rangée aux côtés des Russes en affirmant hier qu'une intervention militaire en Syrie «aurait un impact négatif sur l'économie internationale, notamment sur les prix du pétrole».

Le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, a affirmé qu'il «n'y avait pas de solution militaire au conflit syrien», même s'il a admis que la communauté internationale doit répondre à l'attaque chimique du 21 août.

L'Allemagne a aussi joué de prudence. «Cette guerre doit prendre fin et cela ne se fera que politiquement», a dit la chancelière Angela Merkel, affirmant que «l'Allemagne ne s'associera en aucun cas à une action militaire».

Le premier ministre britannique David Cameron a affirmé hier avoir de nouvelles preuves sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, pendant que le président français, François Hollande, a multiplié les tractations à Saint-Pétersbourg pour convaincre de la légitimité d'une intervention militaire.

L'ONU a aussi dépêché un envoyé spécial à Saint-Pétersbourg pour aider le secrétaire général Ban Ki-moon, qui a tenté de convaincre les leaders mondiaux d'accepter une deuxième conférence internationale pour la Syrie, appelée Genève-2.