Le gouvernement syrien a demandé au patron de l'ONU Ban Ki-moon d'oeuvrer en vue d'«empêcher toute agression contre la Syrie», a rapporté lundi l'agence officielle Sana.

«Le gouvernement syrien appelle le secrétaire général de l'ONU à assumer ses responsabilités (...) et à mener des efforts en vue d'empêcher toute agression contre la Syrie et aller de l'avant vers une solution politique pacifique de la crise syrienne», a indiqué le délégué permanent de la Syrie aux Nations unies, Bachar al-Jaafari, dans une lettre adressée à M. Ban.

«Le Conseil de sécurité de l'ONU (...) doit empêcher tout usage inconsidéré de la force de manière contraire à la légalité internationale», poursuit la lettre.

«Le gouvernement syrien répète une nouvelle fois qu'il n'a jamais fait usage d'armes chimiques (comme l'accuse l'opposition et les pays occidentaux)», écrit M. al-Jaafari, qui ajoute que Damas avait demandé au secrétaire général de l'ONU d'enquêter «sur l'utilisation de ces armes le 19 mars à Khan al-Assal», près d'Alep, dans le nord de la Syrie.

«Le monde s'attendait à ce que les États-Unis jouent leur rôle de parrain de la paix (...) en préparant avec sérieux la conférence de Genève sur la Syrie, et non comme un pays qui a recours à la force militaire contre ceux qui s'opposent à sa politique», affirme encore M. Jaafari.

Le secrétaire d'État, John Kerry, a assuré que les États-Unis avaient reçu et analysé des échantillons prouvant l'utilisation de gaz sarin dans l'attaque du 21 août près de Damas, qu'il a une nouvelle fois attribuée au régime de Damas.

La France va fournir des «preuves» lundi

La France, quant à elle, devait fournir lundi ce qu'elle affirme être des «preuves» de la responsabilité du régime syrien dans l'attaque du 21 août, engageant la bataille de l'opinion sur le bien-fondé d'une action militaire reportée par les atermoiements britannique et américain.

«Des documents secrets déclassifiés» permettant «de bien identifier» le régime de Bachar al-Assad comme responsable de l'attaque chimique du 21 août vont être remis lundi soir aux chefs de groupes parlementaires à deux jours d'un débat sans vote au Parlement, et certains «pourraient être rendus publics», a fait savoir le gouvernement français.

Cette initiative vise à gagner un consensus en faveur d'un engagement militaire dans la classe politique française pour l'heure profondément divisée, alors que l'opinion publique y est majoritairement opposée, comme aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Un débat parlementaire sur la Syrie est prévu mercredi en France, mais sans vote contrairement à ce qui s'est passé à Londres et ce qui est prévu à Washington.

La Russie «absolument pas» convaincue

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov s'est dit lui lundi «absolument pas» convaincu par les informations présentées jusqu'ici par les Etats-Unis et leurs alliés concernant l'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien contre les opposants.

A trois jours d'un sommet du G20 jeudi à Saint-Pétersbourg - durant lequel aucun tête-à-tête n'est prévu entre Vladimir Poutine et Barack Obama - la Russie a répété son opposition à une frappe contre son allié syrien.

Une telle action pourrait «reporter pour longtemps, voire à jamais, les perspectives» d'une conférence de paix en vue d'un règlement du conflit syrien, qui a déjà fait plus de 110 000 morts, a averti Sergueï Lavrov.