Le ministre canadien des Affaires étrangères continue à prôner une solution pacifique du conflit syrien, mais les récents évènements le forcent maintenant à étudier «toute la gamme des options».

«Le Canada est persuadé que le seul moyen de mettre fin au bain de sang en Syrie réside dans une solution politique» a réitéré le ministre John Baird, lundi lors d'une conférence de presse à Toronto. 

«Nous comprenons toutefois que cette solution devient de plus en plus difficile, car la crise prend une nouvelle tournure très dangereuse», a-t-il ajouté. 

M. Baird a sévèrement dénoncé les attaques perpétrées à Damas contre un convoi des Nations unies qui tentait de se rendre sur un site d'attaques chimiques alléguées afin de les inspecter. 

Le chef de la diplomatie canadienne a de plus directement appelé les représentants russes qui siègent au Conseil de sécurité de l'ONU à cesser de faire obstacle aux pourparlers. «Ils doivent faire partie de la solution», a-t-il dit.

«Le Canada continuera à travailler de près avec ses partenaires de l'étranger pour envisager toute la gamme des options à partir de maintenant», a-t-il ajouté.

Intervention militaire

Une intervention militaire en Syrie est de plus en plus évoquée à l'échelle internationale dans la foulée de ces possibles attaques chimiques, notamment en France, aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Au cours du week-end, Stephen Harper s'est entretenu au téléphone avec ses homologues français et britanniques. Le président américain Barack Obama a lui aussi discuté avec François Hollande et David Cameron.

«Les dirigeants ont exprimé leur profonde préoccupation au sujet des développements en Syrie, et particulièrement des événements troublants de la semaine passée, a précisé un porte-parole M. Harper. Ils ont souligné l'importance de permettre à l'ONU de procéder à l'inspection du site touché. Le premier ministre et le président ont convenu de demeurer en étroite communication relativement à ce dossier.»

Les Nations unies ont confirmé lundi midi que des inspecteurs étaient maintenant sur les lieux de ces attaques chimiques alléguées pour enquêter.  

Débat parlementaire

Le chef de l'Opposition officielle, Thomas Mulcair, a indiqué en point de presse à Ottawa que les parlementaires devraient être appelés à siéger si une intervention militaire canadienne était envisagée par le gouvernement canadien. 

Il a dit souhaiter qu'une telle intervention, le cas échéant, se fasse sous l'égide d'institutions internationales comme l'ONU.

«Ça fait trop longtemps que le monde regarde les bras croisés des civils se faire tuer en Syrie. Et il est temps de tenter par des institutions de droit international de trouver des solutions», a lancé M. Mulcair.

Mais il a offert une mise en garde: «Oui, on voit nos alliés en train de se préparer. Oui, on entend des bruits de guerre et d'intervention. Mais encore faut-il avoir un résultat qui ne va pas endommager plus l'infrastructure et attaquer encore davantage des êtres humains», a-t-il dit.

Du même souffle, le chef du NPD a dénoncé le gouvernement Harper pour s'être exclu du Conseil de sécurité. «Si le Canada avait pu avoir son tour à la table du Conseil de sécurité des Nations unies, ce qui aurait normalement dû être le cas, on aurait être là pour parler avec la Chine, on aurait pu être là pour interpeler la Russie. À la place, on est absent », a-t-il déploré.