Les membres de la Coalition de l'opposition syrienne ont commencé à discuter jeudi à Istanbul pour désigner leur nouvelle équipe dirigeante et tenter d'afficher un front commun face au régime du président Bachar al-Assad, dont l'armée a repris du terrain face aux rebelles.

En tête de l'ordre du jour de la réunion qui a débuté dans un hôtel stambouliote en matinée figure le choix d'un nouveau président pour remplacer Moaz al-Khatib, qui a démissionné en mars dernier.

Cinq personnalités ont officiellement fait acte de candidature pour lui succéder à la tête du principal rassemblement des adversaires du régime, dont l'actuel président par intérim Georges Sabra et l'ancien président du Conseil national syrien (CNS) Burhan Ghalioun, a-t-on appris auprès de la Coalition.

Ahmad Assi Jarba, qui représente la faction de l'opposant historique Michel Kilo, l'actuel secrétaire général de la Coalition Mustafa al-Sabbagh et l'un des porte-parole de la Coalition, Louay Safi, sont également sur les rangs, a ajouté la même source, précisant que d'autres candidatures étaient toujours possibles.

Initialement prévu fin mai, le choix du nouveau président avait été ajourné faute d'accord après des discussions qui avaient étalé au grand jour les divisions de la Coalition et la guerre d'influence que s'y livrent ses principaux parrains, le Qatar et l'Arabie saoudite.

Sous la pression de leurs soutiens, les opposants étaient finalement parvenus à un accord sur l'élargissement de leur mouvement, jusqu'alors largement dominé par les Frères musulmans soutenus par les Qataris, à des personnalités réputées plus proches des Saoudiens.

Cette réunion intervient alors que les rebelles ont cédé du terrain ces dernières semaines à l'armée fidèle au régime, épaulée de façon décisive par des centaines de combattants du Hezbollah chiite libanais.

Après avoir repris Qousseir (centre-ouest de la Syrie, près de la frontière libanaise), les troupes du président Assad et le Hezbollah ont lancé depuis lundi une nouvelle offensive contre la ville de Homs (centre), un verrou entre le nord et le sud du pays, et l'armée poursuit ses bombardements sur Damas et sa périphérie.

«Nous traversons une étape critique de la révolution. La Coalition comprend combien il est important pour elle d'être en mesure de répondre aux défis auxquels elle est confrontée», a déclaré jeudi devant la presse son porte-parole Khaled Saleh.

Les divisions internes qui ont marqué sa dernière réunion à Istanbul ont été très mal accueillies par les pays «amis» de la Syrie, notamment les Occidentaux qui hésitent toujours à livrer des armes aux rebelles de peur qu'elles ne tombent entre les mains les plus extrémistes.

Outre leur président et son équipe dirigeante, les 114 membres de la Coalition doivent également discuter de la nomination du gouvernement du «Premier ministre» intérimaire Ghassan Hitto.

Le projet de conférence internationale de paix, dite Genève 2, toujours défendu par la Russie et les États-Unis malgré de nombreuses difficultés, fait également partie du menu des discussions de l'opposition.

La Coalition a répété jeudi à l'ouverture de sa réunion qu'elle ne s'y rendrait pas.

«La chute de Homs ferait peser un risque sur toute solution politique», a estimé M. Saleh.

«Si Homs tombe, il nous serait très difficile d'expliquer aux familles des dizaines de milliers de Syriens qui ont été tués pourquoi nous irions négocier avec un régime qui nous montre jour après jour qu'il ne le veut pas et qu'il veut juste tuer plus de Syriens», a-t-il ajouté.