Des représentants des pays qui soutiennent l'opposition syrienne ont rencontré vendredi à Istanbul son chef militaire le plus important, le général Selim Idriss, pour évoquer de possibles livraisons d'armes à la rébellion, a-t-on appris de source syrienne.

«Au cours des prochaines vingt-quatre à quarante-huit heures, il va y avoir plusieurs réunions entre le Conseil suprême des forces armées (SMC) et différents pays pour comprendre les différents besoins du SMC et afin de commencer à réellement satisfaire certains de ces besoins», a déclaré à l'AFP un porte-parole de la Coalition nationale de l'opposition syrienne, Khaled Saleh.

«À ce stade, on peut s'attendre à ce que la communauté internationale commence à approvisionner le SMC (...) avec des armes sophistiquées, des missiles antichars et des missiles antiaériens parce que c'est ce que le régime d'Assad utilise», a ajouté M. Saleh.

Les pays occidentaux soutiens de l'opposition au président syrien Bachar al-Assad se sont jusque-là refusés à franchir le pas de la livraison d'armes aux combattants rebelles, par crainte de les voir tomber entre les mains de ses éléments islamistes les plus radicaux.

Mais la récente avancée militaire des forces de Damas, appuyées par le mouvement chiite libanais du Hezbollah, les a contraints à réétudier dans l'urgence cette possibilité.

Estimant que la Syrie avait franchi une «ligne rouge» en utilisant des armes chimiques, la Maison-Blanche a annoncé jeudi un soutien militaire aux rebelles, sans autre précision.

Les pays européens ont levé fin mai leur embargo sur les armes, mais se sont engagés à surseoir à toute livraison jusqu'au 1er août, pour laisser une chance à une éventuelle conférence internationale de paix.

Chef d'état-major de l'Armée syrienne libre (ASL), le général Idriss, un ancien ingénieur militaire qui a fait défection en 2012, est considéré comme un interlocuteur fiable par les Occidentaux.

«Augmenter le nombre d'armes n'améliorerait pas la situation» 

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a estimé vendredi que l'augmentation des livraisons d'armes en Syrie n'aiderait pas à résoudre la situation et insisté sur la nécessité d'une enquête sur le terrain pour prouver l'utilisation d'armes chimiques.

«Il n'y a pas de solution militaire, seule une solution politique peut régler ce problème de manière durable», a affirmé Ban Ki-moon devant la presse. «Augmenter le nombre d'armes en circulation des deux côtés n'améliorerait pas la situation», a-t-il ajouté en réaction à la décision américaine d'aider militairement les rebelles.

«La voie militaire mène directement à la désintégration du pays (..) et à l'augmentation des tensions religieuses et communautaires», a-t-il ajouté, précisant que l'ONU s'efforçait avec Moscou et Washington de réunir la conférence de Genève «dès que possible».

Évoquant par ailleurs les déclarations américaines accusant le régime syrien d'avoir eu recours aux armes chimiques, M. Ban a insisté sur «la nécessité d'une mission d'enquête sur le terrain en Syrie qui puisse recueillir ses propres échantillons et établir les faits».

Le secrétaire général a une nouvelle fois appelé le gouvernement syrien à laisser opérer librement en Syrie l'équipe d'experts de l'ONU conduite par Ake Sellstrom. «Je demande une nouvelle fois instamment au gouvernement syrien d'accorder au Dr Sellstrom l'accès que nous sollicitons depuis longtemps», a-t-il déclaré.

Il a précisé que ses services avaient reçu une lettre de l'administration américaine à propos des armes chimiques, sans en révéler le contenu.

«La validité de toute information sur l'utilisation présumée d'armes chimiques ne peut pas être garantie sans preuve convaincante sur la chaîne de détention» des armes, c'est-à-dire sans déterminer comment les traces de produits toxiques recueillies sur le terrain se sont retrouvés là.

Interrogé sur la fourniture éventuelle d'aide militaire par Washington à l'opposition syrienne, il a réaffirmé que «fournir des armes à l'un ou l'autre camp ne résoudrait pas la situation actuelle».

M. Ban a également dénoncé l'implication du Hezbollah libanais dans le conflit aux côtés de l'armée syrienne: «l'implication ouverte du Hezbollah dans la crise syrienne est très, très préoccupante», a-t-il dit.