La Maison-Blanche a estimé jeudi que «des lignes rouges» avaient été franchies en Syrie, accusant Bachar al-Assad d'avoir utilisé des armes chimiques, dont le gaz sarin, et annonçant un soutien militaire, sans autres précisions, aux rebelles syriens.

La Maison-Blanche a estimé jeudi qu'une «ligne rouge» avait été franchie en Syrie et accusé le président Bachar al-Assad d'avoir utilisé des armes chimiques, dont du gaz sarin, annonçant un soutien militaire, sans autres précisions, aux rebelles syriens.

Les États-Unis, travaillant de concert avec leurs alliés de l'Union européenne, se sont abstenus de détailler la forme que prendrait cette assistance militaire. Ils n'ont pas, à ce stade, annoncé de décision d'armer les rebelles face au régime de Bachar al-Assad, évoquant simplement une augmentation de son aide non létale et assurant qu'elle prendrait «des décisions à (son) propre rythme».

L'administration a aussi souligné qu'aucune décision sur une zone d'exclusion militaire n'avait encore été prise.

Les États-Unis vont toutefois laisser en Jordanie, pays frontalier de la Syrie, des chasseurs F-16 et des missiles Patriot, ainsi qu'une unité de Marines sur des navires amphibies, à la fin d'exercices militaires communs, a précisé un responsable américain de la Défense sous couvert d'anonymat.

Entre 100 et 150 personnes au minimum ont été tuées dans des attaques chimiques en Syrie, a annoncé dans un communiqué Ben Rhodes, conseiller adjoint de sécurité nationale du président américain Barack Obama.

«Le président a clairement dit que l'utilisation d'armes chimiques, ou le transfert d'armes chimiques à des groupes terroristes, était une ligne rouge pour les États-Unis», a-t-il expliqué. «Le président a affirmé que le recours à des armes chimiques changerait son équation, et c'est le cas».

«Nous pensons que le régime Assad garde le contrôle de ces armes. Nous ne disposons pas d'informations solides, corroborées, indiquant que l'opposition en Syrie a acquis ou utilisé des armes chimiques», a-t-il encore indiqué.

Moscou informé

Le sénateur républicain John McCain a loué les déclarations de la Maison-Blanche, mais réclamé une nouvelle fois l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne et la livraison d'armes lourdes.

«Il est temps d'agir de façon décisive. Nous avons besoin d'armes lourdes capables de s'en prendre aux chars, et nous avons besoin de missiles sol-air (...) La seule chose qui changera l'équation sur le champ de bataille est la destruction de la capacité aérienne (du régime Assad) et l'établissement d'une zone sûre» d'exclusion aérienne.

L'ambassadeur britannique à l'ONU, Mark Lyall Grant, a rappelé de son côté que son pays affirme «depuis un moment qu'il existe des preuves convaincantes de l'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien», ajoutant que le Royaume-Uni était «en consultations avec le gouvernement américain et les autres alliés sur les prochaines étapes».

Attendu en Irlande du Nord en début de semaine prochaine pour le sommet du G8, Barack Obama y consultera ses partenaires au sujet de la Syrie, a assuré Ben Rhodes, précisant que les États-Unis ont déjà «communiqué les informations sur les armes chimiques aux Russes».

Moscou est jusqu'ici un soutien indéfectible du régime Assad et a bloqué à l'ONU toutes les résolutions contraignantes contre Damas.

«Nous pensons que la Russie et tous les membres de la communauté internationale devraient être préoccupés» par un recours à de tels armements, a remarqué M. Rhodes.

L'annonce américaine, neuf jours après que la France a déclaré être certaine de l'utilisation d'armes chimiques, intervient alors que l'aéroport international de Damas a été la cible jeudi d'une rare attaque au mortier par les rebelles, selon les médias officiels.

Face aux récentes victoires de l'armée syrienne sur les rebelles, une rencontre est prévue vendredi en Turquie entre des représentants de pays soutenant l'opposition et le chef du Conseil militaire suprême de l'armée syrienne libre, Sélim Idriss, pour discuter d'une «mise en oeuvre concrète» de l'aide à la rébellion.

Les rebelles ont par ailleurs pris le contrôle d'une position stratégique de l'armée à mi-chemin entre Damas et Alep (nord), tuant six soldats et s'emparant d'armes et munitions.

Les médias pro-régime avaient affirmé dimanche que les troupes gouvernementales se préparaient justement à l'assaut d'Alep pour y écraser la rébellion.

«Tueries incessantes»

Sur un autre front, l'armée et le Hezbollah libanais ont pris d'assaut le village de Husseiniyé, dans la province de Homs (centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Husseiniyé se situe près de la région de Qousseir, tombée la semaine dernière aux mains de l'armée grâce notamment au Hezbollah, dont la participation au conflit qui a fait plus de 93.000 morts selon un nouveau bilan de l'ONU est dénoncée par les pays occidentaux et du Golfe. Elle exacerbe en outre les tensions confessionnelles en Syrie, pays à majorité sunnite, mais aussi au Liban.

Les hélicoptères du régime ont également bombardé Aarsal, une localité libanaise servant de relais pour l'acheminent d'armes et de rebelles. Paris et Washington ont dénoncé cette attaque à laquelle l'armée libanaise a assuré vouloir riposter si elle se répétait.

Le chef de l'opposition libanaise Saad Hariri a accusé le Hezbollah d'être porteur d'un projet «destructeur» pour la coexistence entre les différentes confessions au Liban.

En Égypte, d'influents oulémas sunnites venant de plusieurs pays arabes ont appelé à mener le jihad en Syrie contre le régime «confessionnel» de Bachar al-Assad, et dénoncé l'appui fourni par le Hezbollah.

Dans un nouveau rapport, la Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay a dénoncé «les tueries incessantes» en Syrie.