L'arsenal chimique syrien existe depuis plusieurs décennies et est considéré comme l'un des plus importants au Moyen-Orient, mais il continue à faire l'objet de suppositions, les données publiques étant quasi inexistantes.

Mardi, la France a accusé le régime de Bachar al-Assad d'avoir utilisé à au moins une reprise du gaz sarin en Syrie, soulignant que «toutes les options sont sur la table», même celle d'une action armée, alors que Washington a demandé davantage de preuves.

Le régime syrien a reconnu pour la première fois le 23 juillet 2012 posséder des armes chimiques et a menacé de les utiliser en cas d'intervention militaire occidentale, mais jamais contre sa population.

Le gouvernement et l'opposition armée s'accusent mutuellement d'avoir employé des armes chimiques dans le conflit ravageant l'État syrien depuis plus de deux ans. La Syrie est l'un des rares pays à ne pas avoir signé la Convention sur l'interdiction des armes chimiques et qui n'est donc pas membre de l'Organisation chargée de contrôler son application (OIAC).

Le programme syrien a commencé à être mis en oeuvre dans les années 1970 avec l'aide de l'Égypte puis de l'ex-URSS. La Russie dans les années 1990 puis l'Iran depuis 2005 lui ont également fourni un soutien, affirme la Nuclear Threat Initiative, une organisation indépendante recensant les données «ouvertes» sur les armes de destruction massive.

Selon une analyste au programme de non-prolifération et de désarmement de l'Institut international d'études stratégiques, il s'agit du «plus grand programme d'armes chimiques au Proche-Orient, créé dans le but de contrebalancer le programme nucléaire d'Israël».

Elle indique que d'importantes informations sur ce programme ont été collectées après la défection d'officiers, mais qu'elles sont «loin d'être complètes».

Selon un expert au centre d'études sur la non-prolifération à l'Institut Monterey (États-Unis), les réserves syriennes sont de l'ordre de «centaines de tonnes» d'agents chimiques divers. «Leur panoplie d'agents chimiques est assez robuste», estime un spécialiste français à la Fondation pour la recherche stratégique.

Les Syriens «ont réussi à maîtriser la synthèse des organophosphorés : c'est la dernière génération la plus efficace et la plus toxique des armements chimiques. Dans cette famille, on trouve le Sarin et le VX», ainsi que des «agents beaucoup plus anciens comme le sulfure d'éthyle dichloré, c'est-à-dire le gaz moutarde», déclarait-il en juillet.

Le 30 janvier, l'aviation israélienne a bombardé près de Damas un site de missiles sol-air et un complexe militaire adjacent, soupçonné d'abriter des produits chimiques. Israël craignait des transferts d'armes au Hezbollah libanais, d'après un responsable américain. Le New York Times a écrit que le raid pourrait avoir endommagé le principal centre syrien de recherche sur les armes biologiques et chimiques.