Un attentat à la voiture piégée a tué neuf policiers dimanche à Damas, au moment où les appels internationaux se multiplient pour évacuer les civils et blessés bloqués à Qousseir, en proie à de violents combats depuis deux semaines.

Alors que la guerre continue de faire rage en Syrie, la commission d'enquête de l'ONU présentera mardi un rapport qualifié de «terrifiant» à la veille d'une réunion à Genève entre l'ONU, la Russie et les États-Unis pour préparer une conférence de paix qui pourrait avoir lieu en juillet selon Paris.

Le régime a donné son accord de principe pour participer à cette conférence initiée par Washington et Moscou, mais l'opposition a exigé au préalable le départ du président Bachar al-Assad et l'arrêt des combats, particulièrement ceux impliquant le Hezbollah libanais aux côtés de l'armée à Qousseir.

Après quelques semaines de répit dans les attentats à la voiture piégée à Damas, une attaque de ce type a frappé le matin le quartier de Jobar, dans l'est de la capitale syrienne, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Au moins neuf membres des forces du régime ont été tués après une forte explosion provoquée par une voiture piégée près d'un commissariat de police», a déclaré à l'AFP le chef de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

L'attentat, qui n'a pas été revendiqué, ressemble aux nombreuses attaques similaires perpétrées par les jihadistes du Front al-Nosra, fer de lance des rebelles qui a fait allégeance à Al-Qaïda, a précisé l'OSDH.

L'agence officielle syrienne Sana a confirmé l'explosion d'une voiture piégée, mais sans donner d'autres précisions.

Des combats intenses se déroulaient entre armée et rebelles dans le même quartier, a ajouté l'OSDH, qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales civiles et militaires.

Après avoir reçu de nouveaux renforts à Qousseir, les troupes du régime appuyées par les combattants du Hezbollah resserraient davantage l'étau autour des rebelles, désormais retranchés dans le nord de la ville proche de la frontière libanaise, a précisé l'OSDH.

L'armée et le Hezbollah ont lancé le 19 mai l'assaut contre cette ville, longtemps place forte de la rébellion, qu'ils cherchent à prendre pour ouvrir un passage sûr entre Damas et le littoral syrien, base arrière du régime.

Rapport «terrifiant»

Devant le déluge de feu sur la cité, l'ONU s'est inquiétée pour les civils pris au piège, l'OSDH parlant de milliers de civils et d'un millier de blessés bloqués à Qousseir.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé les combattants à laisser les civils quitter la ville et a rappelé qu'il était de la responsabilité du gouvernement de les protéger, «y compris de la menace de milices».

Dans un communiqué conjoint, la responsable de l'ONU pour l'humanitaire, Valerie Amos, et celle chargée des droits de l'Homme, Navi Pillay, ont dit qu'il y avait «jusqu'à 1500 personnes blessées requérant une évacuation immédiate» et qualifié la situation générale à Qousseir de «désespérée».

Alors que la communauté internationale s'est régulièrement inquiétée des crimes de guerre commis en Syrie, où les violences ont fait plus de 94 000 morts depuis mars 2011 selon l'OSDH, Paulo Pinheiro, président de la commission d'enquête internationale et indépendante de l'ONU, a prévenu que le rapport qu'il devait présenter mardi était «terrifiant».

La magistrate suisse Carla Del Ponte, membre de cette commission créée en 2011, a évoqué des crimes «d'une cruauté incroyable».

«Je n'ai jamais vu ça, y compris en Bosnie», a ajouté Mme Del Ponte, ancien procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, pour qui le rapport dénoncera, comme les précédents, des crimes «commis des deux côtés».

Dénonçant «la combinaison de sectarisme, de radicalisation, d'escalade des violations des droits de l'Homme», M. Pinheiro a estimé que la Syrie était désormais plongée dans «un confit régionalisé et même internationalisé».

Pour lui, les rebelles croyant en la démocratie et partisans d'un État laïc sont aujourd'hui «minoritaires».

Enfin, au Liban voisin, deux nouvelles roquettes tirées de Syrie sont tombées dans un secteur frontalier, alors que les avions de chasse israéliens survolaient à basse altitude le territoire libanais.