Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a accusé mercredi le président syrien Bachar al-Assad d'être passé au «plan B» dans sa lutte contre les rebelles, l'«épuration ethnique» de certaines régions de Syrie.

«Je l'ai expliqué à Kerry : le grand massacre de Banias est une nouvelle étape dans les attaques menées par le régime» de Damas, a déclaré au quotidien turc Hürriyet M. Davutoglu, relatant une récente conversation téléphonique avec son homologue américain John Kerry.

«Ce qui nous inquiète dans l'affaire de Banias, c'est le passage à une stratégie d'épuration ethnique d'une certaine région dès lors que le contrôle de l'ensemble du pays n'est plus possible», a poursuivi le ministre.

Au moins 62 corps ont été découverts samedi dans un quartier de Banias, dans l'ouest syrien, pris d'assaut la veille par les forces du régime de Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

L'OSDH a affirmé que les forces supplétives de l'armée, et notamment des chabbihas (milices favorables au régime), avaient «tué par balle, poignardé ou brûlé» ces personnes.

L'opposition syrienne a estimé que la multiplication de ces atrocités relevait du «nettoyage ethnique» à l'encontre des sunnites dans cette région alaouite, la religion du président Assad.

Les sunnites ne sont que 10 % à l'échelle de la province de Tartous, dont fait partie Banias, contre 80 % d'alaouites.

«Ce plan B, c'est une stratégie fondée sur l'ouverture d'une zone et d'un corridor pour une certaine confession, en lien avec un affrontement interconfessionnel», a ajouté M. Davutoglu.

Ce corridor relierait selon lui les zones de peuplement alaouite de l'ouest de la Syrie à Homs (centre), sur la route de Damas, en longeant la frontière libanaise.

«C'est un jeu très dangereux», a prévenu le ministre, «cela peut semer la confusion au Liban, cela peut créer une culture de la revanche chez les sunnites», qui représentent 80 % de la population syrienne et sont largement majoritaires chez les rebelles.

La Turquie soutient la rébellion et a appelé Bachar al-Assad à quitter le pouvoir. Elle accueille au total quelque 400 000 réfugiés syriens sur son territoire.