Le président Barack Obama a communiqué à son homologue russe Vladimir Poutine l'«inquiétude» des États-Unis au sujet des armes chimiques détenues par le régime syrien, a indiqué lundi la Maison-Blanche à l'issue d'une conversation téléphonique entre les deux dirigeants.

Lors de cet entretien, «le président Obama et le président Poutine ont examiné la situation en Syrie, et le président Obama a souligné l'inquiétude (provoquée par) les armes chimiques syriennes», a précisé l'exécutif américain dans un communiqué, quelques jours après avoir évoqué pour la première fois un probable recours de Damas à de telles armes.

«Les présidents ont accepté de continuer à se concerter étroitement, et ont demandé au secrétaire d'Etat (John) Kerry et au ministre des Affaires étrangères (Sergueï) Lavrov de continuer à s'entretenir au sujet de la Syrie», a ajouté la Maison Blanche.

M. Obama a aussi profité de cet appel pour à nouveau remercier M. Poutine pour l'aide de Moscou dans l'enquête sur le récent attentat meurtrier de Boston, dont les auteurs présumés étaient d'origine tchétchène, selon la présidence américaine.

Ce communiqué a aussi officialisé, côté américain, deux rencontres entre les deux dirigeants dans les mois à venir: le G8 de juin en Ulster, et un «sommet bilatéral» en Russie en septembre.

Cette dernière visite aura lieu avant le G20 de Saint Pétersbourg, avait de son côté précisé Moscou quelques minutes avant la Maison-Blanche.

Jeudi dernier, les États-Unis ont admis pour la première fois que le régime Assad avait probablement utilisé des armes chimiques dans sa guerre contre les rebelles, tout en soulignant que leurs renseignements n'étaient pas suffisants en l'état. Londres a fait état de «preuves croissantes» sur un tel recours.

De son côté, le régime syrien a rejeté ces accusations américaines et britanniques, les qualifiant de «mensonge éhonté», tandis que les Russes, alliés de Damas, ont mis en garde l'Occident contre l'utilisation de ce dossier comme un «alibi» pour intervenir en Syrie.

L'émissaire de M. Poutine pour le Moyen-Orient, Mikhail Bogdanov, a néanmoins affirmé que «s'il y a des preuves sérieuses sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, il faut les montrer immédiatement et ne pas les dissimuler».

Londres et Paris ont déjà demandé à l'ONU d'enquêter sur des accusations de l'opposition sur l'utilisation par le régime d'armes chimiques à Homs et dans les environs d'Alep et de Damas.

Le pouvoir syrien a lui aussi accusé les rebelles d'avoir fait de même près d'Alep le 19 mars et demandé une enquête de l'ONU. Mais il a ensuite rejeté l'intention de l'ONU d'envoyer une mission sur l'ensemble du territoire syrien.

Après une embellie depuis 2009, les relations entre Washington et Moscou se sont assombries depuis l'accession de M. Poutine à la tête de l'État en mai 2012 pour un troisième mandat.