Le président des États-Unis Barack Obama a promis vendredi une «enquête très solide» sur l'utilisation éventuelle d'armes chimiques en Syrie et mis à nouveau en garde Damas contre un recours à ces dernières qui changerait selon lui «la règle du jeu» du conflit.

«Nous sommes désormais en possession de certains indices selon lesquels des armes chimiques ont été utilisées sur la population en Syrie, ce sont des évaluations préliminaires qui sont fondées sur nos opérations de renseignement», a rappelé M. Obama avant un entretien avec le roi Abdallah II de Jordanie.

«Nous allons mener nous-mêmes une enquête très solide, et mener des consultations avec nos partenaires dans la région, ainsi que la communauté internationale et les Nations unies pour faire en sorte d'enquêter sur cela aussi efficacement et aussi rapidement que possible», a-t-il ajouté.

Le président des États-Unis a, une nouvelle fois, lancé un avertissement au régime de Damas: «je pensais ce que j'ai dit, et je le répète (...) le recours possible à des armes de destruction massive sur des civils franchit une nouvelle frontière dans le domaine des lois internationales (...) Et cela change la règle du jeu».

Jeudi, les États-Unis ont reconnu pour la première fois que le régime syrien avait probablement utilisé ses armes chimiques, tout en soulignant que leurs renseignements n'étaient pas suffisants pour avoir la certitude que Damas avait franchi la «ligne rouge» tracée par le président Obama.

«Nous oeuvrons à établir des faits dignes de foi et recoupés», a déclaré vendredi Jay Carney, le porte-parole de M. Obama, refusant toutefois de «fixer un calendrier» pour ce processus, car «ce sont les faits qui doivent soutenir cette enquête, pas une échéance».

Le porte-parole a en outre répété la position de la Maison-Blanche selon laquelle «toutes les options» seraient sur la table si ce recours était confirmé.

Si Israël est allé jusqu'à appeler les États-Unis à intervenir militairement pour «prendre le contrôle des arsenaux d'armes chimiques syriens», l'Union européenne et la France ont elles aussi exhorté vendredi Damas à laisser les enquêteurs onusiens travailler --faisant écho à un «appel urgent» similaire lancé jeudi par Ban Ki-moon.

Combats féroces sur le terrain

De son côté, le premier ministre britannique David Cameron a estimé vendredi que les «preuves croissantes» de l'usage d'armes chimiques par Damas constituaient une escalade «extrêmement grave» de nature à encourager la communauté internationale à «faire davantage».

L'opposition syrienne a pour sa part appelé vendredi à une intervention urgente des Nations unies: «La France et la Grande-Bretagne assurent posséder des informations sur l'usage d'armes chimiques et maintenant les États-Unis disent la même chose. Il est temps que le Conseil de sécurité de l'ONU agisse», a affirmé à l'AFP un responsable de la Coalition de l'opposition.

Le Conseil de Sécurité est incapable d'agir depuis le début de la révolte en Syrie en mars 2011 en raison de ses divisions internes, car si les Occidentaux soutiennent la rébellion, la Chine et surtout la Russie appuient le régime.

Sur le terrain, la journée de vendredi a été marquée par des combats féroces dans le nord-est de Damas --les plus violents depuis deux ans dans la capitale--, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Selon le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane, l'aviation syrienne a par ailleurs effectué vendredi le plus grand nombre de raids en une journée depuis son entrée en action en juillet.

Dans le quartier de Barzé, au nord-est de Damas, les combats opposaient depuis jeudi soir des rebelles aux troupes syriennes appuyées par des miliciens pro-régime venus de la banlieue proche d'Ech al-Warwar, où les habitants sont en majorité alaouites, comme le président Bachar al-Assad, alors que la majorité des rebelles, à l'image de la population, sont eux sunnites. Selon l'OSDH, des chars de l'armée pilonnaient le secteur.

Dans le sud de Damas, des affrontements ont aussi éclaté près du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, contrôlé majoritairement par les rebelles, même si l'armée tient le seul checkpoint y conduisant, toujours selon l'OSDH.

D'autres affrontements ont eu lieu dans d'autres zones du sud de Damas, et dans l'est de la capitale, dans le quartier de Jobar.

Par ailleurs, des combats très violents opposaient l'armée appuyée par les combattants libanais du Hezbollah et de l'Armée de défense nationale (ADN), une milice spécialement entraînée par le régime aux combats de rue, aux rebelles pour la conquête de la localité stratégique de Qousseir, sur la route reliant Homs au littoral, selon l'OSDH.

Vendredi, selon un bilan partiel de l'OSDH, 18 civils et neuf rebelles ont péri dans des violences. Jeudi, il y avait eu, à travers le pays, au moins 130 morts --53 civils, 27 soldats et 50 rebelles, toujours selon l'OSDH.