Damas a affirmé lundi accueillir favorablement «toute initiative» de sortie de crise «par le dialogue» après que l'émissaire international Lakhdar Brahimi a annoncé avoir un plan pour résoudre le conflit qui ensanglante le pays depuis plus de 21 mois.

Insistant une nouvelle fois sur ce «dialogue national» auquel le régime invite régulièrement, le premier ministre Waël al-Halaqi a affirmé que son pays se rapprochait de la «victoire».

Le régime de Bachar al-Assad dit combattre des «groupes terroristes» dans le conflit né d'une révolte populaire devenue guerre civile face à la répression de la contestation.

Rejetant une nouvelle fois toute «ingérence étrangère», le chef du gouvernement a affirmé que les «Syriens eux-mêmes» résoudraient la crise.

Mais la Coalition de l'opposition syrienne a refusé de s'asseoir à la table des négociations tant que Bachar al-Assad n'aura pas quitté le pouvoir.

Alors que les violences font chaque jour plus d'une centaine de morts, l'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe a dit avoir «parlé d'(un) plan avec la Russie et la Syrie», qui pourrait «être adopté par la communauté internationale».

Moscou a bloqué, avec Pékin, plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant le régime de Damas, mais s'est récemment distancié de son allié, envisageant désormais, selon les experts, une Syrie sans son président Bachar al-Assad.

M. Brahimi a proposé un plan avec «une solution politique basée sur la déclaration de Genève prévoyant un cessez-le-feu, la formation d'un gouvernement avec des prérogatives entières et un plan pour des élections soit présidentielles soit parlementaires».

Tout en estimant que les Syriens pourraient opter pour un changement de système politique en remplaçant le régime présidentiel actuel par un régime parlementaire, M. Brahimi ne s'est pas prononcé sur le sort du chef d'Etat contesté depuis près de deux ans.

Le plan adopté le 30 juin à Genève par le Groupe d'action sur la Syrie prévoyait de former un gouvernement de transition doté des pleins pouvoirs, mais n'évoquait pas le départ de M. Assad, condition sine qua non posée par l'opposition pour tout «dialogue national» après plus de 21 mois de violences ayant coûté la vie, selon une ONG, à plus de 45.000 personnes.

La Coalition de l'opposition vient d'ailleurs de refuser une invitation de Moscou pour ces discussions prévues par l'accord de Genève, exigeant des excuses de la Russie pour son «ingérence» en Syrie et les «massacres» commis contre le peuple «avec des armes russes».

La situation en Syrie «est très mauvaise et se détériore chaque jour», a mis en garde M. Brahimi, ajoutant qu'à défaut de solution politique, le pays risquait la «somalisation».

La guerre civile a connu un nouvel épisode sanglant dimanche soir avec la découverte d'une trentaine de corps torturés et défigurés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Le réseau de militants de la Commission générale de la révolution syrienne (CGRS) a ajouté que «leurs têtes ont été coupées et défigurées au point qu'il n'est plus possible de les identifier», accusant les «chabbihas», les milices du régime, d'être derrière ces «exécutions sommaires».

Lundi, l'armée bombardait plusieurs localités proches de Damas, tandis que des renforts militaires affluaient vers Daraya, une banlieue que les troupes tentent de reprendre aux rebelles depuis plusieurs semaines, selon l'OSDH.

Les tirs de l'artillerie et des chasseurs-bombardiers ont fait plusieurs victimes à travers le pays, selon l'ONG qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins et a recensé dimanche 160 morts.